Nul si découvert — Érudition concrète 4

Exposition

Film, installations, peinture, photographie...

Nul si découvert
Érudition concrète 4

Passé : 9 juin → 7 août 2011

Nul si découvert / Void if removed est le quatrième et dernier volet du programme Érudition Concrète proposé par Guillaume Désanges, commissaire invité à concevoir depuis 2009 un cycle d’expositions au Plateau. S’inscrivant dans la continuité des précédentes expositions interrogeant une relation renouvelée de l’art à la connaissance, cette exposition prend comme point de départ trois histoires pour aborder, par l’art, l’idée d’expériences à la fois concevables et impossibles.

Le lac Vostok, en Antarctique est une poche d’eau capturée sous une épaisse couche de glace, qui renfermerait potentiellement des formes de vie millénaires. Tentés d’aller vérifier, les scientifiques se l’interdisent encore puisque pénétrer cet espace altérerait immédiatement son équilibre supposé. Le dilemme entre accroissement de la connaissance et souci de conservation semble ici sans issue. La profanation du lac déclencherait la même bombe à « désagrégation spontanée » que dans la fameuse scène de Roma de Fellini, où le percement du métropolitain expose les fresques somptueuses d’une villa romaine à une disparition immédiate.

L’expérience du « chat de Schrödinger », est une parabole de la mécanique quantique, portant sur la désintégration des atomes. Supposons un chat enfermé dans une caisse avec une fiole de gaz mortel qui peut se répandre selon une certaine probabilité. Comment savoir si le chat est mort ou vivant sans ouvrir le coffre ? Tant qu’aucune vérification n’est effectuée, le physicien Ernest Schrödinger affirme que le chat est vivant et mort à la fois, « mort-vivant ». Non pas l’un ou l’autre, mais bien l’un ET l’autre, du moins jusqu’à l’ouverture de la boîte. C’est donc le moment de la vérification qui infléchit l’état de l’objet d’étude, qui sauve ou tue le chat.

Le LHC européen, l’accélérateur de particules le plus puissant du monde, doit permettre aux physiciens d’étudier les composants fondamentaux de la matière, en recréant les conditions qui existaient juste après le Big Bang. Lors de sa mise en service en 2008, un certain nombre de scientifiques ont réclamé la suspension de l’expérience par crainte de création de trous noirs qui auraient englouti la terre. L’accomplissement d’une expérience inédite peut susciter un accroissement considérable ( de savoir, d’être, d’espace, d’énergie, etc. ) comme aboutir à des pertes irréversibles, voire catastrophiques. Mais comment vérifier le bien fondé de ces craintes sans le tester ?

Dans ces perspectives, l’exposition présente des situations où l’observation anéantit l’observation. Précisément, des œuvres — sculptures, photographies, vidéos ou performances — qui sont d’autant plus frustrantes et fragiles que les phénomènes qu’elles contiennent ou abordent menacent de s’évaporer à l’ouverture. L’hermétisme attise la curiosité, encourage la violation du secret, mais maintient le savoir dans une spéculation pacifique, à distance, comme un mirage proposant la « figuration d’un possible » ( Marcel Duchamp ), et susceptible de susciter un vertige fantastique. Ce type de mécanisme « nul si découvert » concerne autant des configurations scientifiques, poétiques, que philosophiques et politiques. Mais l’expérience d’une expérience impossible n’est pas seulement un casse-tête métaphysique : il peut s’agir de situations très concrètes, physiques et sensuelles. L’art, dans sa capacité inégalée à formaliser des idées en dehors de tout système déterminé et de tout fonctionnalisme, est peut-être le lieu privilégié de ces expériences de « l’inexpérimentable », ces expressions de l’ineffable, ces impossibilités de la possibilité.

Une manière de clore ce cycle sur la connaissance par deux perspectives divergentes sans être contradictoires : l’irréductible inaccessibilité du savoir et l’infini de ses possibilités.

Avec des œuvres de Bas Jan Ader, Eric Baudelaire, Bernard Bazile, Alighiero Boetti, Chris Burden, Coop Himmelblau, Marcel Duchamp, Ceal Floyer, Ryan Gander, Dora García, Joseph Grigely, Ann Veronica Janssens, Jiří Kovanda, João Louro, Julien Loustau, Daniel Pommereulle, Stephen Prina, Anna Maria Maiolino, Man Ray, Lawrence Weiner, Ian Wilson, Carey Young, Rémy Zaugg…

Commissaire de l’exposition : Guillaume Désanges

  • Vernissage Mercredi 8 juin 2011 18:00 → 21:00
19 Paris 19 Zoom in 19 Paris 19 Zoom out

22 rue des Alouettes

75019 Paris

T. 01 76 21 13 41

www.fraciledefrance.com

Jourdain

Horaires

Du mercredi au dimanche de 14h à 19h
Plateau-Apéro : nocturne le 1er mercredi de chaque mois (sauf soirs de vernissage) jusqu’à 21h 

Tarifs

Accès libre

Programme de ce lieu

Les artistes

  • Bernard Bazile
  • Jiri Kovanda
  • Ann Veronica Janssens
  • Dora Garcia
  • Ryan Gander
  • Lawrence Weiner
  • Marcel Duchamp
  • Man Ray
  • Alighiero Boetti
  • Chris Burden
Et 13 autres…

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