Philippe Durand — Forêts
Exposition
Philippe Durand
Forêts
Passé : 7 janvier → 4 mars 2017
Philippe Durand — Galerie Laurent Godin La galerie Laurent Godin accueille, du 7 janvier au 4 mars une exposition personnelle du photographe Philippe Durand, Forêts, qui n... CritiqueDepuis qu’il y a des photographes, il en est qui par la perfection d’un cadre (le Frago des reporters) se déclarent explicitement auteurs ou artistes, et d’autres qui s’efforcent de disparaître ou de s’effacer derrière les conditions d’apparition de l’image (le crayon de lumière de Fox Talbot). Si le rayogramme ou le sténopé trouvent régulièrement une nouvelle actualité, c’est sans doute parce que ces techniques primitives engagent un autre type de décision et permettent de s’approcher davantage du graphique ou du pictural. En entraînant le cyanotype, procédé moins connu, sur la voie du tableau, Philippe Durand accomplit un geste d’écart par rapport aux pratiques que nous lui connaissions en même temps qu’il prolonge sa recherche d’une position en forme de retrait face à différents lieux ou paysages qu’il expérimente. En disposant ses toiles sous les arbres, il recueille l’empreinte des branches et des feuilles, le tremblement qui élargit leur ombre et la qualité de la lumière qui nuance ce bleu proche de celui de la toile de Gênes. Le choix du format et la coloration font apparaître d’étranges similitudes avec le temps des pliures et des teintures qu’a connu l’abstraction à la fin des années cinquante ; signe que peinture et photographie n’en auront jamais fini de s’échanger des signes et de discuter leurs attributions. A se demander dans ce cas-là: qui est la nature ?
Que l’artiste choisisse d’exposer cette nouvelle série en même temps que celle construite autour de l’exploration de la Vallée des Merveilles nous offre en un temps très court l’occasion de reconsidérer cette dernière. Oubliée ici les références à l’exposition pédagogique et à la base de loisirs, renforcée en revanche la proximité avec les œuvres des photographes marcheurs de l’art conceptuel. Ce sont des relevés à hauteur d’herbe et de rocaille, à fleur de paroi; vues larges ou rapprochées ramenés le plus souvent au plan de l’image, si bien que le degré d’inclinaison de la perspective reste incertain. A égale distance du vertige et de l’anéantissement qui saisissent le voyageur devant ces graphies tracées durant des millénaires. Philippe Durand se fait ici le documentariste d’une expérience en même temps que l’archiviste de ces pétroglyphes. Le regard du photographe y est moins en quête d’une affirmation du point de vue que de l’éclaircissement d’une relation à la nature. Pour lui, produire des photographies, c’est négocier avec une histoire voire, comme ici, une préhistoire, un paysage et un chemin.
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h