Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui
Exposition
Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui
Passé : 30 novembre 2012 → 19 janvier 2013
Entretien — Mathieu Mercier Présentée jusqu’au 19 janvier à la galerie Thaddaeus Ropac, l’exposition Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui travaille les notions de collage, de montage et de fragmentation. Slash a invité son curateur, Timothée Chaillou, à prolonger cette expérience à travers une discussion avec l’un des artistes invités, Mathieu Mercier. Entretien — John Armleder Présentée jusqu’au 19 janvier à la galerie Thaddaeus Ropac, l’exposition Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui travaille les notions de collage, de montage et de fragmentation. Slash a invité son curateur, Timothée Chaillou, à prolonger cette expérience à travers une discussion avec l’un des artistes invités, John Armleder.La Galerie Thaddaeus Ropac est heureuse d’annoncer Seuls quelques fragments de nous toucheront quelques fragments d’autrui, une exposition collective proposée par Timothée Chaillou.
Couvrant vingt ans de pratique artistique, des années 90 à nos jours, les œuvres exposées sont toutes liées à la technique du collage, de la fragmentation et du montage. L’accrochage est lui même pensé comme un collage dans l’espace par la juxtaposition d’une variété de médiums (œuvres sur papier, wallpaintings, sculptures et films), par la superposition d’œuvres (placées sur des wallpaintings/wallpapers) et par la présence d’œuvres en miroirs fragmentant l’exposition et ses spectateurs.
Ce projet prend la suite d’expositions comme Infinite fold (2010), consacrée au pliage, et Landscope (2008), s’intéressant au paysage dans le dessin contemporain.
Note d’intention du commissaire d’exposition
“Was appropriation somehow a form of ecology? Just another way of collaging the bedroom.”
Richard Prince
“Making collage is like running a marriage bureau with lots of very demanding customers. Those that you think will rub along nicely, often file for divorce within minutes.”
Linder
La réalité de chacun est un collage composé de ce qui attire notre attention et de ce qu’en retient notre mémoire — nous composons avec ce qui nous est donné à voir dans une compréhension fragmentaire du monde. Nos idées et nos souvenirs ne sont souvent que des collages et le collage est la représentation analogique de ces associations.
Le point de départ du collage est une image (matérialisée ou mentale), qui en appelle une autre, puis en rappelle une autre, et ainsi de suite, pour constituer une combinaison d’images. C’est une technique, un mode de pensée, permettant l’association, fortuite ou provoquée, de deux ou de plusieurs réalités convergentes ou divergentes. Des images s’installent dans une situation, dans un espace, elles sont rassemblées, juxtaposées et agencées — se chevauchant, se succédant, se superposant — pour engendrer un récit.
Le collage produit des interactions conflictuelles ou fusionnelles, assonantes ou dissonantes entre des images agencées. Il est un écosystème d’associations hétérogènes, régi par le principe de mutabilité : c’est à la fois vouloir « faire crier les ressemblances » (Georges Bataille) et « cabrer les différences » (Serguei Eisenstein). Il est un display d’images, une « métaphore de fraternité » (Jean-Luc Godard), une métaphore de la dépendance, de la rencontre amoureuse ou de la copulation : « il y a une énergie libidinale adolescente dans cette pratique, et sa fixation à vouloir coller ensemble des choses et des images » (Tom Burr). C’est une « constellation de fragments » (Haris Epaminonda), une association d’images structurées par contagion « s’infectant les unes les autres » (Luis Jacob), une présentation de la réaction en chaîne et de la collision.
Le collage permet de « penser avec ses mains » (Denis de Rougemont), faisant ressentir l’intervention manuelle de l’indexation, de l’échantillonnage et du découpage. Les collages sont à la fois encyclopédiques et épiques dans leurs formes narratives, tandis qu’ils sont modestes et humbles dans leurs qualités physiques. Pour être agencées dans un collage, les images sont mises en péril — brisées, coupées, morcelées, déchirées, fragmentées. Ainsi, présenter une découpe, une déchirure rend d’autant plus tangible et présent le matériau lui-même, sa fragilité et sa friabilité : quand on nous montre que les images ne sont finalement que du papier imprimé, nous refusons qu’elles représentent autre chose que leur pure présence, leur pure chair sensible comme véhicule du mystère, de la complexité et des contradictions du monde, non comme un ensemble mais comme un monde fragmenté.
Timothée Chaillou
Les artistes
- Camille Henrot
- Claude Lévêque
- Marcel Dzama
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Cerith Wyn Evans
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Wade Guyton
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Pierre Bismuth
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Anne Collier
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Urs Fischer
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Richard Prince
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Collier Schorr