Wemaëre et Jorn : la force des contraires — Une amitié franco-danoise au XXe siècle
Exposition
Wemaëre et Jorn : la force des contraires
Une amitié franco-danoise au XXe siècle
Passé : 23 janvier → 2 mars 2014
Après le succès de l’exposition présentée en automne 2013 à La Piscine de Roubaix à l’occasion du centenaire de la naissance de Pierre Wemaëre, la Maison du Danemark, dans le cadre des célébrations du centenaire de la naissance d’Asger Jorn (1914-1973), accueille à son tour un bel ensemble d’œuvres qui retrace l’amitié hors normes et indéfectible entre le peintre danois, co-fondateur du mouvement CoBrA, et le Français Pierre Wemaëre (1913-2010), un des maîtres de l’abstraction lyrique.
Une exposition inédite en France
Cette version concentrée de l’exposition réunit environ 70 œuvres, certaines dévoilées au public pour la toute première fois et met en lumière la longue et fidèle relation qui a uni les deux artistes. Elle témoigne de la profondeur et de l’intensité d’un lien d’élection choisi et actif, d’une incroyable fécondité, depuis longtemps réputé au Danemark, mais que les Français connaissent moins.
Deux personnalités antinomiques et complémentaires
Rien ne prédisposait les deux artistes à se rencontrer : Jorn, esprit libertaire, volcan d’idées et d’actions, très engagé politiquement ; Wemaëre, issu d’un creuset modelé par l’esprit de famille et la tradition, réservé et discret. Cependant, l’un comme l’autre saura puiser régulièrement dans ces différences l’appui et la confiance dont il aura besoin.
La rencontre fondatrice sous le signe de Léger
L’exposition décrit d’abord un moment fondateur : la rencontre dans l’atelier parisien de Fernand Léger, en 1936. Un moment clé qui scellera leur amitié que seule la mort de Jorn interrompra. C’est là, en effet, qu’une complicité se noue entre l’étranger découvrant Paris (il jouit déjà d’une petite reconnaissance au Danemark) et Wemaëre, étranger à l’art de Léger, dont les enseignements heurtent ses certitudes. Les deux artistes sont en devenir, leur œuvre, en gestation. Ils vont dès lors s’épauler, se regarder, se stimuler et pleinement s’épanouir…
Une amitié au long cours
Parfois, les liens artistiques rejoignent et croisent les liens affectifs. Après la guerre, au retour de Jorn en France, Wemaëre initie son ami au travail de lissier. Jorn s’enthousiasme et ensemble, ils se mettent à la tapisserie… ce qui aidera Wemaëre — en retrait durant ces années là — à reprendre la peinture. Puis c’est Wemaëre qui accueille son ami et sa famille dans sa maison de Normandie. En 1948, Wemaëre rejoint Jorn parti s’installer en Tunisie et le découvre dans un état de santé précaire, de détresse matérielle et morale, doutant de sa peinture. En s’occupant de Jorn, Wemaëre parvient à lui redonner le goût de peindre. Toute leur vie, ils ne cesseront de se soutenir…
Influence réciproque, œuvres croisées
L’exposition, à travers de nombreux exemples d’œuvres réalisées en commun ou influencées réciproquement, montre le dialogue fécond et la richesse des apports respectifs entre les deux peintres — qui sont loin de se positionner dans un rapport de mentor à disciple.
Chacun agit sur l’autre comme un révélateur de soi-même : ainsi, pour ne citer qu’un seul exemple, Jorn embrasse la couleur sur les incitations de son ami ; et Wemaëre se dégage d’un certain conformisme pour créer une œuvre foisonnante et jaillissante, tout à fait singulière. Chacun s’enrichit mutuellement de l’autre, tout en conservant sa personnalité. C’est une émulation extraordinairement positive.
Leur complémentarité fait sens, aussi, dans leur démarche artistique croisée. Elle s’exprimera avec éloquence dans l’aventure du Long Voyage (1959), une étape clé pour chacun des deux hommes. Plus tard, Jorn travaille des dessins à l’encre qu’il confie à Wemaëre en lui demandant d’y apporter sa propre création pour la réalisation de futures tapisseries. L’exposition présente pour la première fois quelques-uns de ces dessins et de ces aquarelles, révélant ainsi le processus qui a permis la conception de vingt-quatre tapisseries par l’Atelier 3, à Paris, au début des années 1980. Dans leurs créations à quatre mains, une peinture murale et plusieurs tapisseries,apparaît un univers différent, encore plus généreux, plus fructueux, car entremêlé de leur amicale confrontation, qui à la fois procède de leur talent propre et transcende leur personnalité.
Commissaire de l’exposition : Bénédicte Bollaërt
En partenariat avec La Piscine, musée d’art et d’industrie André Diligent, à Roubaix.
Horaires
Tous les jours sauf le lundi de midi à 18h
Ouvert les jours fériés.
Tarifs
Accès libre
Les artistes
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Asger Jorn
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Pierre Wemaëre