Faits divers — Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse
Exposition
Faits divers
Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse
Encore 4 mois : 15 novembre 2024 → 14 avril 2025
L’avis de Slash :
Radicale, forte et percussive, l’équation à multiples inconnues de l’exposition joue de la stupeur et du quotidien pour révéler, à travers l’art, des événements que le récit et la mise en avant portent au statut de stigmates de sociétés qui trouvent là matière au doute. Des perspectives troubles qui, malgré leurs tendances morbides, demandent à être mises en action et parcourues de manière active pour se révéler, au fil de l’enquête, plus fertiles qu’elles ne semblent. À travers un parcours d’une belle audace formelle dans sa dureté, où les œuvres se mêlent autour de pièces à conviction qui les reflète, Faits divers défie les conventions dans un jeu de pistes qui, ensemble, font définitivement œuvre commune. G.B.
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C’est une véritable investigation du fait divers que mène le Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, sous le commissariat de son directeur Nicolas Surlapierre, pour livrer à l’automne prochain une vaste exposition temporaire qui réunit non moins de 80 artistes, de différents horizons et pratiques formelles. « Faits divers » vient de recevoir le label d’intérêt national, relevant ainsi non seulement l’originalité de son propos mais également le fort engagement du musée à s’adresser à tous les publics, initiés et néophytes. Au travers d’une scénographie innovante qui donnera les clefs du décryptage de multiples propositions artistiques qui explorent ledit « fait divers », les visiteurs pourront décoder les ressorts du genre. Et comme l’annonce le sous-titre de l’exposition « Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse », chacun d’eux pourra ici laisser libre cours à son imagination et son libre arbitre.
Cette exposition collective inaugure l’anniversaire des 20 ans du MAC VAL, célébré tout au long de l’année 2025, et comme le souligne le Président du Département du Val-de-Marne « le label d’intérêt national qui vient de lui être décerné par le ministère de la Culture est indéniablement une marque d’encouragement pour Nicolas Surlapierre, arrivé à la tête de l’institution en octobre 2022, à poursuivre la mise en œuvre de son projet scientifique et culturel visant notamment à l’adhésion des publics les plus larges et variés possible à une histoire de l’art d’aujourd’hui. Son premier opus « L’œil vérité », actuellement à découvrir au musée, donne le « la » d’une programmation décomplexée, mêlant approche scientifique et accessibilité. »
« Faits divers » Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse
Parce que le fait divers est souvent lié à l’univers de l’enquête, à une certaine forme d’énigme et à la volonté des artistes d’élucider leur part mystérieuse, l’exposition s’articule autour de la poésie des équations à plusieurs inconnues qui sont pensées entre paramètre et registre « d’indicialité ». Chacune des équations sera introduite par « des pièces à conviction » confortant la métaphore bien légitime de l’enquête et du judiciaire et laissant planer l’empreinte de l’erreur judiciaire ou de l’erreur humaine à l’origine de nombreux faits divers.
C’est autant un univers de formes qui sera proposé qu’un vaste champ lexical que s’emploiera à échafauder la présente exposition.
L’abécédaire typologique, non sans faire référence au Dictionnaire amoureux du faits divers (Didier Decoin, Éditions Plon, 2022) entendra ainsi montrer la diversité des artistes et des formes qui se sont intéressés de près à ces évènements singuliers entre indices indicibles et indécidables. Il visera également à mettre en lumière l’impact de la culture visuelle du fait divers sur l’art contemporain. En 26 lettres et 5 équations, l’exposition présentera une hypothèse de ce qu’est le fait divers mais se gardera bien d’imposer une réponse, elle laissera ainsi libre cours à la possibilité, pour toutes et tous, de se faire son avis, d’être aussi saisis d’un doute ou tout simplement de se laisser porter par les délices de l’affabulation ou de la spéculation.
Cinq équations structurent l’exposition En sciences mathématiques, elles sont des variables et correspondent, assez bien, à l’univers des énigmes à résoudre. Elles résument la volonté des artistes à souvent vouloir élucider l’énigme qui, parfois ou souvent, sous-tend un fait-divers et transforment les salles d’exposition temporaire du musée en un vaste jeu de plateau en référence au jeu de société célèbre. Chaque équation réunit 5 ou 6 lettres de l’abécédaire. Elles rompent avec l’ordre alphabétique afin que visiteuses et visiteurs puissent appréhender le champ lexical fait-diversier, les principales thématiques, la diversité des réponses proposées par les artistes ou les enjeux de réception.
Respectivement, les équations décrivent des grandes catégories ou des archétypes : l’univers judiciaire (équation no1), la catastrophe (équation no2), la violence (équation no3), l’humeur noire (équation no4), la pulsion scopique (équation no5).
26 hypothèses alphabétiques
Au-delà du caractère illustratif de l’abécédaire, le fait divers est également une excellente façon, ainsi que Vincent Lavoie, commissaire associé de l’exposition, a pu le rappeler, de questionner certains protocoles et modes opératoires de l’art contemporain.
La « fictionnalisation » de l’événement dit mineur, la prégnance du modèle indiciaire, la transposition artistique de protocoles d’enquête : reconstitution, inventaire et collecte, le jeu des temporalités dans les représentations événementielles, l’éthique du témoignage et des discours probatoires, le sensationnalisme et les régimes des affects ou enfin les effets d’authenticité et débats d’opinion seront autant de points évoqués dans chacune des cinq équations qui structurent l’exposition.
Malgré un engouement certain, aucune exposition en France jusqu’à aujourd’hui n’a réellement été consacrée à une analyse artistique du fait divers. Puissant catalyseur d’affects (compassion, plaisir, curiosité, identification), le fait divers a une valeur fantasmatique qui participe de la dramaturgie et de l’art contemporain.
Nicolas Surlapierre, Directeur du MAC VAL, commissaire de l’exposition
Commissaire associé Vincent Lavoie Coordinateur Julien Blanpied assisté de Marzia Ferri
Horaires
Tous les jours sauf le lundi de 11h à 18h
Tarifs
Plein tarif 5 € — Tarif réduit 2,5 €
Entrée gratuite pour tous les premiers dimanches de chaque mois