Egle Budvytyte — Le Plateau, Frac Ile-de-France, Paris
Au long d’une installation immersive prolongeant dans l’espace les panoramas portés à l’écran, l’exposition de Egle Budvytyte au Plateau présente un nouveau film de l’artiste où la multitude et la porosité des identités dépassent le corps pour innerver la terre.
Il explore ainsi opportunément ce passage de l’invisible au visible. Et plus que jamais ici, le corps des participants est traversé d’une énergie qui appuie la surface de la terre et de l’eau pour mettre en cause leur planéité. Le centre de gravité, rabaissé, semble ramener les êtres humains, derrière des gestes culturels et scientifiques, à une assise primordiale. La présence de l’eau, l’enfouissement des mains dans cette terre humide, appellent à une lecture en miroir de la sortie des premiers êtres vivants hors de l’eau, pour fonder cette humanité en passe d’en achever l’évolution.
Oscillant par endroits entre la réunion amicale et le rite ancestral, les gestes et postures des participants forment une chorégraphie obscure émaillée de signes pourtant lisibles où les registres se confondent. Cueillette, exercices de respiration issus de méthodes traditionnelles ou récemment formalisées, les gestes deviennent actes et chacun semble “chercher” comme “se chercher” dans cette mise en scène.
Le protagoniste du film est alors probablement plus à déceler dans le lieu même que dans ses occupants. Le caché, l’enfoui, comme ces actes d’enterrement explorés par Gimbutas, sont au cœur du sujet. C’est cet espace qui est « performé » plus que ceux qui le « performent » qui impose son histoire. Il garde en lui la mémoire de vies ancestrales qui n’ont jamais été aussi proches de nous ; écoulées peut-être mais loin d’être effacées.