Jérémy Gobé — Cac La Traverse, Alfortville
À l’occasion de l’anniversaire de ses dix ans, Le Cac La Traverse invite l’artiste Jérémy Gobé au long d’une rétrospective de son projet Corail Artefact, mêlant art et science pour proposer un ensemble durable ancré dans l’action.
À travers un procédé qui intègre l’observation et l’histoire des traditions artisanales, il emprunte à l’art de la dentelle (qui partage elle-même une gémellité troublante avec la structure du corail) une méthode de tissage augmentant sa capacité à se régénérer. Un jeu d’aller-retour des formes dont l’investissement de l’artiste révèle la fructueuse inspiration, donnant à voir ce que l’on n’apercevait pas, magnifiant des éléments communs et soulignant les zones de rencontre esthétique avec la nature.
C’est donc à un ballet de matériaux qu’on assiste, portant à leur tour leurs propres motifs et inscrivant dans l’espace une myriade de couleurs qui, si elles empruntent au langage industriel, viennent justement contrecarrer sa logique et penser leur fonction non plus comme des fins mais des moyens.
Installations, documents, épreuves de travail, l’exposition met en lumière une odyssée de la création dont l’efficacité, indéniable, joue constamment de l’imbrication fascinante entre travail humain et développement naturel. S’il n’est dorénavant plus question de les opposer, le parcours d’ Où nous allons a surtout la capacité de problématiser la place de l’artiste dans une quête du faire qui ne se réduit pas (même si elle en fait montre) à son efficacité. La multitude de recherches engagées, de formes isolées participent ici également à l’élaboration d’un cadastre de la nature qui est aussi riche pour l’imaginaire et l’invention à venir, qu’elle participe activement aux intérêts de l’homme.
Dans tous les cas, elles activent notre besoin de comprendre et tendent un miroir en mouvement d’une création artistique qui œuvre et fait œuvrer, donnant à ses objets un véritable statut de sujets. Et à ses spectateurs une béquille essentielle ; l’espoir.