Kubra Khademi — Galerie Eric Mouchet
La galerie Eric Mouchet prévoyait de montrer, durant la Foire Art Paris, une série de dessins de Kubra Khademi. Son report à l’an prochain nous donne l’occasion de nous plonger dans un œuvre fort et attachant, où les symboliques s’emmêlent en un désir de liberté.
Nommée et présentée, en automne dernier, à la Bourse Révélations Emerige 2019, cette artiste née en 1989 en Afghanistan multiplie les dessins et les performances déployant un univers qui ne répond aux exigences que d’un vibrant imaginaire où mythes, luttes, histoires des genres, histoires de peuples et histoires intimes se rencontrent en mises en scène frontales, avec en premier plan les corps de ces femmes qui jouissent ou s’accrochent, comme elles le peuvent, à une liberté qu’il appartient à chacun et chacune de vivre. Une liberté dont l’artiste n’a de cesse d’user pour dénoncer la persécution des femmes dans la société afghane qui lui a valu une série de menaces qui l’ont menée à l’exil.
Réfugiée à Paris depuis 2016, elle poursuit un œuvre qui, derrière la simplicité de ses formes, renvoie à une multitude d’esthétiques, de traditions picturales où se mêlent différents « Orient » mais aussi des accents occidentaux avec sa capacité à se jouer des influences et à réinventer, selon les sujets qu’elle aborde, son vocabulaire formel. On glisse donc avec délice, de dessin en dessin, à travers les écoles, à travers les âges et surtout à travers le monde avec la légèreté de dessins qui semblent, en cachant décors et paysages, vouloir les embrasser tous.
De la sobriété extrême-asiatique à l’expressivité sud-américaine en passant par le réalisme, la fantasy ou l’art brut du « Vieux Continent », le voyage de son imaginaire se nourrit et s’apprécie d’autant qu’il s’empare de tous ces signes pour avancer avec la même constance vers une fin qu’il appartient à tous de rendre universelle, l’émancipation active, résolue et urgente des femmes dans toutes les sociétés du monde.