Édito Cinquante-neuf
Après une remise en cause abrupte de notre champ politique, le monde culturel a la responsabilité majeure d’appeler à la mobilisation pour préserver, sur le plan politique, des structures capables d’accompagner la liberté de tous et d’encourager l’émancipation de chacun, ce en quoi le nationalisme et le conservatisme ne peuvent qu’échouer.
Personne n’a besoin de leçon et le fantasme d’une exception nationale ne se combat pas par le fantasme d’une exception culturelle. Le concret, en revanche, est sans appel ; la force de la création dans notre paysage tient à la variété de ses acteurs et de leurs idées, à la complémentarité d’une sphère privée et de structures publiques intellectuellement engagées à remettre en question tout fantasme d’essentialisation et à mettre en valeur ce qui nous invite à expérimenter la réalité hors de toute barrière ou frontière conservatrice.
Une fois au pouvoir, l’extrême-droite étend l’idéal passéiste et glorificateur d’une histoire maquillée avec infiniment plus de facilité et fait de sa haine des libertés, des inventions singulières, de l’irrévérence comme du refus d’une idéologie de la force un ressentiment pervers qui infuse dans les consciences. L’art y survit parfois mais pas la société. Il nous appartient donc, à travers le vote, à travers la création et la curiosité, de nous en protéger.