Fabien Boitard — Galerie Derouillon
Fabien Boitard nous aura prévenus. En apposant des grilles en couches épaisses de peinture noire de jais sur l’une de ses toiles, il acte par ce geste un droit d’entrée dans son monde.
« Fabien Boitard — La Lumière est verte », Galerie Derouillon du 28 mai au 26 juillet 2014. En savoir plus « No trespassing » semblent d’abord crier les toiles de Fabien Boitard. Comme dans Citizen Kane. Il faudra alors faire effraction par le regard. Insister pour mieux voir. Un simple coup d’œil, du reste ne suffira pas à détecter et lire le monceau de références logées aux quatre coins de chaque toile. La Bible, les mythes, les grands universaux tout comme les citations visuelles pleuvent. Pourtant, d’abord on y trouvera une origine du monde grossièrement offerte à la vue ou encore un groupe de vieillards à l’allure de campeurs étayant un plan crapuleux et salace à l’arrière plan d’un tableau.Mais les apparences sont trompeuses chez Boitard, les sujets terre-à-terre, le quotidien et la banalité cachent un terrain plus fertile où la peinture est pétrie d’une réflexion savante. Contre toute attente, c’est en effet une peinture d’érudit qui larve et point sous ses strates. Double lecture, voire triple, ses représentations n’ont jamais rien d’univoque.
En témoignent les couches généreuses d’une matière étalée au couteau créant toujours plus d’aspérité, fuyant les contours d’une réalité qui serait trop lisse. Le chien n’est pas représenté comme une adorable bête,
Les apparences sont trompeuses chez Boitard, les sujets terre-à-terre, le quotidien et la banalité cachent un terrain plus fertile où la peinture est pétrie d’une réflexion savante.
il a la patte levée tout prêt à uriner. Mais de provocation, il ne semble pas y avoir ici. Plutôt une nature décrite dans ses états. C’est sans doute pour cela que le travail de Boitard n’invite pas à la contemplation du beau et lorgne plutôt du côté d’une expression rugueuse de la vie. Comme dans les créations de Peter Doig, il y a souvent quelques branches à franchir et à élaguer avant de pouvoir arriver, par le regard, à destination. Mais une fois arrimés, les yeux auront du mal à se défaire des fantasmes à la palette criarde et volontiers outrée de Boitard. Son imagination, devenue la nôtre, manque, une fois perdue.