Threads of Kinship — Kadist, Paris
À travers la matière et la réinvention des pratiques rituelles, les Self-Comb Sisters à l’origine de l’exposition présentée à Kadist constituèrent une communauté de femmes chinoises célibataires par choix au début du XXe siècle qui se consacraient au travail de la soie.
« Threads of Kinship », KADIST du 11 octobre 2025 au 10 février 2026. En savoir plus Explorant cette résistance aux normes sociales par la pratique artisanale, l’exposition Threads of Kinship poursuit le geste initial de ces femmes en tirant leçon de la portée politique d’artistes capables de s’émanciper des attendus d’une société tant en matière de création artistique que de détermination. Avec une sélection polyphonique empreinte d’attention et de radicalité, elle distille dans l’espace de la fondation les germes d’une multitude de ruptures esthétiques qui sont autant d’affirmations de libération possible.Suivant en cela la richesse métaphorique du geste de ces femmes au courage et à l’imagination salutaires, les œuvres célèbrent la liberté de lignes tissées (Risham Syed, Sawangwongse Yawnghwe), la richesse de rencontres aléatoires (Gaëlle Choisne, Ashmina Ranjit) et surtout l’association de perspectives différentes, matérielles ou symboliques (Tarik Kiswanson, Ma Qiusha, Hu Yinping), pour révéler une unité d’engagement qui perdure dans le reflet du présent. Le geste, la part du travail de la main s’associe à la générosité du regard, de l’écoute (Mercedes Azpilicueta), pour rendre à cette histoire la résonance politique qu’elle mérite.
En activant délibérément des récits éloignés des réalités quotidiennes de sociétés occidentales, voire teintées de la violence avec leurs rencontres, Threads of Kinship élargit le spectre des modèles et modes d’émancipation qui offrent en réfutant, par l’exemple, l’exclusivité d’une rationalité individualiste porteuse, dans son délire évolutionniste de l’histoire, de la seule libération possible. Ici, le travail de la main, l’accident et la mise en commun des histoires participent d’un accueil de l’autre, d’un encouragement même à la reproduction, par le spectateur, accueilli dans des espaces plutôt que confronté à des cadres.
Prélude à une exposition d’envergure à suivre au He Art Museum, cette première variation constitue une plongée vibrante dans une lecture active du passé qui outrepasse la seule valeur de l’histoire pour laisser les consciences d’ailleurs hanter, à la manière des montages spectraux de Chen Jialu autour des images d’archives, tous les êtres susceptibles, à leur tour, de questionner leurs désirs.