Béatrice Casadesus — Galerie Dutko
Véritable invitation à l’expérience, chaque peinture de Béatrice Casadesus répond à son engagement d’offrir au regardeur une suspension visuelle de la réalité. La galerie Dutko présente une exposition en forme de synthèse d’un travail toujours en mouvement.
Une langue qui se déploie une fois de plus dans cette exposition aux allures de traversée des planètes, un continuum astral qui joue avec les très beaux volumes de la galerie pour envelopper le visiteur au milieu de lignes qui se dissolvent à mesure que l’on s’en approche. La rigueur du procédé de production se transforme au sein même de la toile pour faire du dispositif initial de la peinture une évolution intérieure.
Ses modulations sont des mutations qui appellent à percevoir et profiter de ce mouvement de la couleur, tantôt attiré vers le sol, à la verticale, tantôt en lévitation horizontale. Les plans de l’espace, le haut et le bas, pourtant à l’origine de ces mouvements, n’ont plus cours et nous enserrent dans des visions kaléidoscopiques. Et si, derrière cette liberté, il est toujours question de grille avec la prégnance de ce motif, c’est pour mieux délimiter l’attention au mouvement, celui de la lumière.
De la sorte. Les intensités se bousculent, elles conversent pour nous libérer, pour quelques instants, des sollicitations du monde et moduler celle, plus proche, que contient chaque fragment qui le compose. Car abstraire le regard de l’espace global, c’est aussi concentrer l’attention à une turbulence locale. Et en la matière, ses propositions donnent à lire une symphonie d’événements dont la conscience n’embrasse que la force.
Une réussite magnifiée par la scénographie qui assume la densité d’un œuvre et de son accrochage pour affirmer avec plus d’intensité le but de cette abstraction qui nous relie plus encore à la réalité ; s’attacher à sentir le sens plutôt qu’à le déchiffrer, à suivre ses sinuosités plutôt qu’à en exiger une signification définitive.