Camille Blatrix — Prix Ricard 2014
Lauréat du prix Ricard 2014, Camille Blatrix est né en 1984. Il vit et travaille à Paris et est représenté par la galerie Balice Hertling. Contrairement à ce qu’ont pu laisser penser ses premières expositions, Camille Blatrix ne fait pas que raconter des histoires. La narration, en effet présente dans le travail, est pensée comme un protocole ou le point de départ nécessaire pour développer des objets, dans le cœur de l’atelier.
Or toute la contradiction réside dans le fait de tenter de décrire ces instants volages par des pièces qui retiennent l’attention et, en même temps, échappent ou intriguent. « J’essaie toujours de les réaliser en suspension ou en train de s’en aller… D’ailleurs, elles ne sont jamais sur socle car je suis dans des objets qui ne font que passer, alors même qu’ils impliquent un temps de travail laborieux et compliqué. » Paradoxalement cet objet qui nécessite un contrôle « un peu abominable », insiste Camille Blatrix avec un certain humour, lui offre une liberté qui s’est décuplée lors de ces trois mois de résidence à l’Art center college of Design de Los Angeles, en 2010. Un séjour court mais décisif qui lui a fait comprendre l’enjeu de la forme et découvrir des artistes peu connus en France, comme Vincent Fecteau ou HC Westermann. Des plasticiens un peu de côté, offrant cette tentation du glissement qu’il estime être le plus intéressant dans l’art : « Construire des objets n’appartenant jamais totalement à une définition et fouiller cette relation plutôt qu’à l’idée pure, je me bataille avec cela comme n’importe quel formaliste dans son atelier. »
Le labeur et la tâche reviennent dans le discours de celui qui se dit fasciné par « les plasticiens pouvant passer des heures à réfléchir sur une forme ou une couleur, ce qui est le signe d’une grande intelligence ». Dans cette nouvelle scène, qui a enfin digéré l’héritage duchampien et revient dans une jouissance du faire, Camille Blatrix se plaît à peaufiner ses marqueteries, à polir et repolir ses objets, sans pour autant être dans l’art brut ou l’artisanat.