Dominique Gonzalez-Foerster — Galerie Chantal Crousel
La galerie Chantal Crousel propose une exposition surprenante et réussie de Dominique Gonzalez-Foerster. Tout en émotion et en silence, l’artiste nous plonge dans un monde de souvenirs où l’intimité n’est pas piégée par l’identité et n’a rien du voyeurisme.
Le silence de cette vie passée, comme tant d’autres et pareille à aucune, ébauche une tentative d’architecture de l’intimité. Là, les photos souvenirs de chambres d’hôtel gardent les marques d’alternatives possibles autant qu’elles verrouillent les échappatoires évanouies, celles qui n’ont pas été empruntées. Une manière de tenir les deux pôles de l’auto-fiction et de la disparition de l’auteur en fuyant l’autocélébration. La narration se construit dans et surtout par l’espace, prolongeant l’obsession de l’artiste pour les dispositifs de récits au sein desquels il appartient au spectateur de projeter ses contenus de sens. La lumière, le mouvement et le vide concourent ainsi à la mise en place, au sein de cette reconstitution qui n’est qu’un miroir trompeur, de souvenirs de vies jumelles.
Une sensibilité romanesque qui donne toute sa force à l’exposition et offre un angle inédit au travail de l’artiste qui inocule le champ personnel d’un magnétisme universel. Parce que nous sommes « personnes », nous tous partageons.
