Gérard Traquandi — Galerie Catherine Putman
Avec une sélection d’œuvres sur papier issues des vingt années de sa collaboration avec la galerie Catherine Putman, Gérard Traquandi propose une variation délicieuse d’épure et d’une secrète sensualité qui séduit et intrigue tout à la fois pour nous plonger dans une relecture de la sensibilité.
Les styles et les modes de représentation varient, se transforment et s’affrontent, se confrontent, mélangeant, en même temps que les deux seules couleurs utilisées, les lignes et figures, s’affranchissant des attendus ; le beau cohabite avec l’étrange, le flatteur se confronte à l’abscons de lignes aux angles obtus, difficilement cernables. Tout pourtant ressort ici du sens, s’attachant à travailler en profondeur chacun de nos cinq sens dans la perspective d’une confrontation avec l’histoire de l’art. Des détails de peintures répétés et réactivés de la Renaissance, du maniérisme italien se voient multipliés, reproduits et montrés à nouveau à travers de nouveaux modes d’inscription sur la feuille et, partant sur la rétine. Plus alors qu’une plongée didactique opérant un retournement érudit de la question du sacré dans la représentation du mouvement, du transcendant ouvertement exposé à l’appréhension par le sens, par tous les sens, Traquandi nous impose un voyage dans des moments, des instants mouvants d’une réflexion en cours qui se métamorphose en traversée ésotérique de la sensation.
Dans le silence de corps libres ou emmêlés, l’ordre impérieux « Réjouis-toi » sonne alors comme une injonction ambigüe, où le plaisir se confond avec la contrainte, où la jouissance se fait pis-aller, nécessite un rappel à l’ordre pour être consommée. Un sentiment d’étrange flottement à l’image du trouble d’un temps où les vies ont eu à se réinventer, où le bonheur, la béatitude ont eu à se choisir une image, une illustration.
Les corps comme les fleurs viennent ainsi sanctionner cet appel à lire d’un œil neuf la représentation de la beauté, quand elles ne symbolisent pas directement cette matérialisation du plaisir, l’éclatement bourgeonnant des forces de vie.