Henri Foucault — Galerie Thierry Bigaignon
La galerie Thierry Bigaignon, fidèle à son exigence, met à l’honneur le récent travail du célèbre artiste français (né en 1954) autour du corps, un sujet qui se révèle inépuisable. Pour la première fois dans ce lieu intimiste sont réunis près de cinquante photographies et photogrammes en noir et blanc.
« Henri Foucault — Le corps, infiniment », Galerie Bigaignon du 4 avril au 18 mai 2019. En savoir plus Le spectateur est happé, à l’entrée, par une vidéo, l’unique de l’exposition, qui donne le ton. Un corps nu, la tête basculée en avant, dévoile son dos courbé dans une lente chorégraphie. Plus loin, dans la série L’envers et l’endroit, les modèles photographiés se devinent derrière des robes de papier chiffonné d’où dépassent des pieds discrets. Tandis que certains corps, Nus sur tabouret, jouent avec l’équilibre, comme en suspension dans l’air, d’autres sont plus frontaux, statiques. Tantôt fragmentés par des formes géométriques, des objets, des collages ou le cadre de l’image, tantôt encerclés par une ligne de points, leurs contours sont en redéfinition constante. Le corps d’Henri Foucault est un corps altéré, qui se donne à voir dans son rapport aux limites. Il se situe en permanence à la jonction de contraires : l’ombre et la lumière, le visible et l’invisible, le plat et le relief, l’équilibre et l’oscillation, le dedans et le dehors.Dès lors que le regard s’y attarde plus longuement, ces frontières en question se révèlent être tout autant celles du corps que celles de l’image dans laquelle il se trouve. Car dans cette altération du corps humain, c’est la bi-dimensionnalité de la photographie qui est mise à l’épreuve, avec finesse. Lorsqu’il perce le papier de petits trous ou le parsème de ronds métalliques, Foucault, sculpteur de formation, travaille l’image comme une matière. Le vide et le plein, propres à la sculpture, se font l’écho du négatif et du positif de la photographie. Corps, image, matière : les quêtes ancestrales que dévoile l’exposition s’enrichissent et se réinventent ensemble, toutes animées par la curiosité de l’artiste d’aller voir au-delà de ce qui semble fini.
Le travail d’Henri Foucault bénéficie d’un accrochage de qualité qui, accompagnant le regard du spectateur, est au service des œuvres qui se déplient peu à peu tel un parcours de funambule : précis, réfléchi et rythmé.