Lee Ufan — Galerie Kamel Mennour
Avant d’honorer l’invitation du Château de Versailles en 2014, Lee Ufan expose ses œuvres récentes à la galerie Kamel Mennour. Philosophe, écrivain, théoricien, sculpteur et peintre, Lee Ufan réactualise la figure de l’humaniste de la Renaissance, attaché aux savoirs autant qu’à l’universel.
« Lee Ufan », Galerie Kamel Mennour du 6 novembre 2013 au 25 janvier 2014. En savoir plus L’exposition se déploie dans les deux espaces de la galerie ; rue Saint-André des Arts et rue du Pont de Lodi. C’est peut-être dans ce dernier que la grâce atteint ses plus belles expressions. Là, que le regardeur sera pénétré entièrement par l’œuvre, installée à même le sol. Immanente. Il piétinera les gravillons, se penchera pour tenter de saisir les trompe-l’œil faits de peinture et de sable, sera traversé par les sons diffusés en continu dans la salle jusqu’à être pris d’un vertige où le beau l’enlacera de sa force et fécondera ses sens. L’intimité prise au piège, toute rattrapée qu’elle peut être parfois par l’extérieur.Minimaliste, l’œuvre de Lee Ufan touche du doigt les universaux. Les lignes et les points, centres névralgiques de sa réflexion, sont à l’image d’un système de pensée mis au point en 1971, lorsqu’il crée le groupe Mono Ha, équivalent extrême oriental de l’Arte Povera. « L’école des choses », traduction française de ce mouvement, marque une transition majeure dans l’histoire de l’art japonais après la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait d’exprimer le monde dans son essence avec le minimum de matériaux. Aussi, l’installation rue du Pont de Lodi, au sous-sol de la galerie, rend avec une économie
Minimaliste, l’œuvre de Lee Ufan touche du doigt les universaux.
de moyens déconcertante, de multiples tensions. Tensions douces d’un monde physique et sensible apaisé, où philosophies occidentales et orientales se compénètrent. Un rocher lisse flotte sur une surface rugueuse. Un banc de sable laisse entrevoir une mare de peinture délimitée en lui. Les matières mises en contact les unes à côté des autres dessinent des dynamiques heureuses, presque zen. Le chaos a trouvé son point final. En témoignent ses toiles, blanches de part en part, traversées en leur milieu ou dans un coin par une tâche de couleur ici grise, là rouille. Comme poinçonnées par une couche épaisse de peinture semblant traduire ou témoigner d’une présence indéterminée de « ce qui est ».
Lee Ufan défie le néant, matérialise l’équilibre, plaque l’existence d’un geste sûr et maîtrisé, frôlant le divin. Car sa création, sans passer par la figuration, figure pourtant à merveille le monde.