Édito Trente-quatre
Au nom de valeurs qui enferment plus qu’elles ne défendent, une lourde lame de fond laisse tonner des paroles qui attaquent directement la liberté sexuelle et la liberté des corps. L’autonomie et les choix des femmes se voient ainsi, d’est en ouest, écornés par un faisceau de sous-entendus et d’ambitions qui semblent à contre-courant des luttes émancipatrices du XXe siècle.
Ce terrible reflet d’un miroir grossissant de l’aigreur et du ressentiment n’épargne personne et le monde de l’art, en première ligne, doit faire face à ses propres inégalités. Un simple regard sur les programmations annuelles des plus grandes institutions artistiques françaises révèle la brutale disproportion et la pénurie d’expositions monographiques d’artistes femmes. Il nous appartient de ne pas faire de cette conséquence de siècles d’inégalités et de domination une conclusion tout en gardant à l’esprit que la véritable égalité ne peut se confondre avec un simple travail d’homogénéisation et de comptabilité. Face à cet état de fait, aucune réponse univoque n’est possible ni salutaire. Loin de se réduire à la caricature qu’on se plaît à en faire, les Gender Studies, dans leur diversité, ont incontestablement ouvert une brèche dans la réflexion qui oblige à envisager sous de nouveaux angles notre histoire et nos représentations.
C’est donc à travers un prisme de réflexions et d’actions que les questions et pièges de catégories figées seront repensés et libérés. En évitant l’écueil du programme unique, la création artistique doit faire résonner des perspectives multiples et singulières pour ne laisser émerger qu’une certitude, la liberté de tous, doit passer par une reconnaissance et une participation de chacun. On se délecte alors d’une pluralité, en ce mois de février, d’expositions abordant les questions du genre et de la féminité pour explorer à travers des perspectives théoriques conceptuelles, romantiques ou concrètes.
Les Femmes s’en mêlent revisited — Galerie Les Filles du calvaire
La galerie des Filles du calvaire fête ses vingt ans avec le festival Les Femmes s’en mêlent en insistant sur le thème du féminin, cher à la galerie et qu’elle a toujours exploré avec élégance et intelligence. Plus d’informations
Le Quatrième Sexe — Le Cœur, Paris
Le Cœur nous invite dans un parcours qui mélange les genres et explore les problématiques d’artistes qui transcendent l’approche traditionnelle de la sexualité pour inventer, dans une polyphonie jouissive et libre, un quatrième sexe. Plus d’informations
HERstory — Maison des Arts de Malakoff
Directement engagée dans la diffusion de la parole postféministe, HERstory à la maison des arts de Malakoff mélange archives et interventions pour repenser l’écriture et les conditions d’éclosion d’une histoire égalitaire et consciente de nos diversités. Plus d’informations
Editathon, Art + Feminisms
À noter également la nouvelle édition les 4 et 5 mars de l’Editathon Art + Feminisms, ce marathon de publication sur Wikipedia visant à améliorer la place des femmes et des féminismes sur la toile et, partant, dans le savoir commun. Nous avions rencontré les organisateurs lors de la précédente édition de cet événement produit et organisé par la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, retrouvez notre interview ici