Édito Vingt-huit
Le marché de l’art se porte comme un charme, merci pour lui. Les artistes, centres d’art et galeries, en revanche, ont plus que jamais besoin du soutien populaire d’un public encore à inventer.
Après les retentissantes affaires de Fémina au Pavillon Vendôme de Clichy1, la censure de Mounir Fatmi à la Villa Tamaris de la Seyne-Sur-Mer, les menaces actualisées ou fins programmées de centres d’art contemporain dessinent une sombre caisse de résonance au silence politique sur les moyens d’action, d’invention et de compréhension du monde que l’art contemporain peut porter.
Sans abdiquer face au désengagement politique et sans manquer de rappeler à l’État sa responsabilité publique quant à l’état de la diffusion de la culture en France, à nous critiques, artistes, galeristes et diffuseurs de trouver les moyens d’organiser une résistance qui passera forcément par la clarification des enjeux d’un art contemporain.
Le marché n’est pas l’art, l’insolence de ses prix et de ses excès ne doit surtout pas faire perdre de vue la nécessité pour chaque œuvre de vivre, d’interpeller et de questionner notre société dans toute sa pluralité. L’art ne doit pas devenir prisonnier de ce succès en trompe-l’œil, hors de son temps et de son époque, l’art est intelligent et contemporain, il ne tient qu’à nous non pas de le prouver, mais de le montrer.
1 Lire l’article Femina ou la réappropriation des modèles, exposition virtuelle