100% L’Expo 2021 — La Villette — Reportage — Slash Paris

« 100% L’Expo — Sorties d’écoles — 2021 », La Villette du 31 mars au 20 juin 2021. En savoir plus Loin de jouer les Pygmalion ou de capitaliser sa notoriété sur le dos d’élèves encore en formation, voire d’écoles d’art elles-mêmes, La Villette fait le choix de la simplicité et présente depuis quelques années une mise en scène épurée qui laisse toute leur place aux œuvres pour une découverte objective de ces propositions déjà solides et prometteuses. Cette nouvelle édition, prenant la suite directe d’une présentation suspendue l’an dernier pour cause de confinement convoque donc les participants de l’an dernier en leur ajoutant quelques noms et adopte un format délibérément ouvert et accessible au plus grand nombre en organisant une extension sur le web et en plein air (à l’intérêt plus discutable malheureusement).

Fidèle à ses principes, 100% L’Expo, Sorties d’écoles offre ainsi une réunion d’excellente tenue qui voit ses participants utiliser de nombreux médiums et expérimenter des associations singulières entre les formes qui témoignent du désir de cette nouvelle génération de s’émanciper plus encore des frontières de catégories pour épouser le mouvement plus fluide d’un savoir qui se manifeste et se lit aujourd’hui dans l’intensité plus que dans l’autorité. Ce glissement, exigeant, n’en est pas moins excitant et assure au parcours un rythme syncopé qui gratifie avec générosité le regard attentif.

Focus sur quatre artistes de cette nouvelle édition :

Alice Brygo

Alice Brygo présente un court-métrage qui installe une pesanteur suspendue et déroule avec pudeur et un sens de l’équilibre rare dans la radicalité romantique une rencontre poétique et non moins violente de deux mondes. Un fil ténu qui, s’il emprunte de nombreux symboles, les fond avec justesse et les inclut dans une langue qui lui est propre pour tenir le rythme d’un voyage éprouvant dans la violence de la sensation et dans la terreur « normale » du réel d’exilés.

My-Lan Hoang-Thuy

Présentée notamment lors de Jeune Création 2020 la peinture de My-Lan Hoang-Thuy formats réduits et l’économie de moyens dictent la forme de ses représentations où les corps, pliés comme par anamorphose qui émergent d’abord en ornements séduisants et révèlent rapidement une certaine angoisse de la pliure, cambrés dans des positions insoutenables et prisonniers d’une matière peinture inquiétante à travers un angle irréel, qui les aurait déjà computés dans un programme voyeuriste.

Yoann Estevenin

Yoann Estevenin propose une installation minimale dont la mise en regard d’un tableau et d’une planche de skateboard dont les roues imposantes lui confèrent l’allure royale du carrosse de son titre. Une poétique pleine de drôlerie qui enveloppe et déploie dans l’espace une atmosphère de renversement des valeurs qui reflète la pratique même d’un médium peinture ici mis à l’épreuve d’un retour sur terre plein de promesses.

Agathe Dos Santos

Agathe Dos Santos fait de la toile le terrain de construction d’un bâtisseur qui continue d’inspirer, dans ses œuvres comme dans sa pensée d’une architecture à hauteur d’humain, Le Corbusier. Entre expérimentation et recollement, chaque œuvre porte en elle les traces d’une histoire qu’elle réactive en mettant en scène des bribes d’un vécu personnel devenu à son tour motif de cheminement d’une pensée vouée à rattraper l’autre. La surface plane du tableau se charge de reliefs multiples qu’habitent matériaux divers et offre une possibilité de lecture inédite de l’histoire de l’art.