
Clément Bagot — La Maréchalerie, Versailles
L’exposition Passage portée de Clément Bagot à La Maréchalerie s’impose comme une traversée immersive au cœur d’un univers à la fois minutieux et monumental, impressionnant et élémentaire. L’artiste, en explorant les notions d’agrégation et de prolifération, construit un langage plastique où le dessin et la sculpture dialoguent dans une dynamique d’expansion et de mutation permanente.
À l’image de la pièce principale présentée à La Maréchalerie, ces structures semblent effectivement faire corps avec le lieu. Contre toute attente, et avec un certain étonnement, on navigue à travers leurs arêtes en réajustant en permanence la perception de l’espace : qui d’elles ou de nous contient l’autre ? Et que s’agit-il même de contenir lorsque leurs angles redéfinissent des lignes qui ne constituent pas de frontières ? Haut et bas, comme dans la musique qui est incidemment évoquée au sein du titre de l’exposition, ne sont qu’une question d’intensité, et où l’œil se perd avec un plaisir coupable dans cet espace dont les œuvres de l’artiste invitent à lire comme autant de variations possibles de tonalités et d’intentions.
Quand il ne s’agit pas de laisser place même à l’invention et à l’improvisation ; les pleins et les vides accompagnent un mouvement autonome, presque spontané, de l’espace plus qu’ils n’en délimitent les contours. Une ouverture constante qui, dans un dialogue avec l’architecture de La Maréchalerie, rejoint les idées de passage et de transformation, centrales dans le travail de Clément Bagot.
Chaque pièce se découvre ainsi progressivement, révélant un univers en perpétuelle mutation, où liberté et contraintes s’entremêlent avec une même nécessité. L’espace ne se donne jamais d’un seul tenant mais se découvre par éclats. La déambulation du spectateur devient alors une expérience sensorielle, où l’échelle des œuvres brouille la perception et engage le corps à envisager la contemplation elle-même comme un véritable mouvement. Une exposition exigeante, donc, mais dont le trouble nourrit la réussite.