Fabien Giraud et Raphaël Siboni — IAC Villeurbanne
Entamant un nouveau cycle dans leur œuvre constitué de films, d’installations, de sculptures et de dispositifs performatifs, l’exposition Infantia (1894 — 7231) de Fabien Giraud et Raphaël Siboni présentée à l’Institut d’Art contemporain de Villeurbanne depuis le 21 février dernier réinvente une genèse autant qu’elle explore un avenir aussi vaste qu’insondable.
Dans leur création, Fabien Giraud et Raphaël Siboni explorent les possibilités de mondes que nous vivons en bouleversant la temporalité pour en faire émerger une autre réalité qui fait lien entre histoire et mythologie.
Cet œuvre d’une ambition rare articule fiction et étude minutieuse des mécanismes d’échanges pour plonger le visiteur dans une totalité spectaculaire qui trace les contours d’une forme d’existence métaphorique. Ici, comme une ligne de force parallèle à la réunion thématique et chronologique de leurs œuvres du cycle The Everted Capital, c’est le centre d’art lui-même, l’IAC qui devient l’objet de cette fantastique « fantasy » en « renaissant » précisément de cette réunion qu’il accueille.
L’intelligence artificielle, sujet et objet de leur création, participe de la production des séquences à mesure qu’elle s’illustre, générant ainsi un effet miroir de vidéos qui, si elles se fondent sur des principes de fiction établis, s’émancipent du contrôle en tissant leur propre trame.Renvoyé à sa propre histoire (l’IAC abritait auparavant une école), le centre d’art devient le corps rapiécé d’un être-enfant que l’on parcourt, bouleversant, dans leurs fondations, les frontières devenues abstraites des notions d’histoires devenues repères géographiques, les géographies rendues indices biologiques pour l’élaboration d’une fiction qui se réalise proprement par l’adjonction du corps des visiteurs au sein de l’espace.
Mais, jouant sur la persistance du paradoxe, les dispositifs automatisés poursuivent également une activité durant leur absence, mimant ainsi les parts essentielles de hasard et de nécessité propres à la naissance d’un monde, gardant confinée, tandis que nous l’aurons tous été durant une partie de l’existence de ce projet présenté au printemps 2020, son lot de secrets et la fraction d’invisibilité qui ne peuvent que renforcer sa réalité.