Fiac Online Viewing Rooms — Première édition
Si elle n’a évidemment pas la même saveur, si les échanges et interactions qui émanent ses différentes éditions dans la capitale n’auront pas la même portée, l’édition en ligne de la FIAC a bien ouvert ses pages Internet ce mardi 02 mars aux professionnels en attendant leur ouverture au public le jeudi suivant. Première expérience légère et enjouée d’une proposition dont on n’a pas manqué de tirer une certaine satisfaction…
Première édition d’un événement annoncé officiellement en fin d’année dernière, cette FIAC Online Viewing Rooms invite plus de 200 galeries à montrer une sélection (resserrée) d’œuvres. Bénéficiant chacune de leur page, les enseignes se sont accommodées d’une exigence qui, si elle rend la dynamique de consultation plus fluide, réduit la découverte en profondeur d’un artiste. Rien d’absolument inédit pour un format foire, la lisibilité et la clarté de l’expérience efficace de l’achat semblant être ici favorisées. Parmi les œuvres, des pastilles indiquent pour certaines d’entre elles leur présence dans la sélection d’une des personnalités du monde de l’art invitées, un procédé pas forcément inintéressant mais encore en rodage semble-t-il… Plus étonnant encore, le choix de ne pas proposer la liste des artistes présentées, une base de données qui aurait également pu favoriser les découvertes.
Agrémentée de Conversation Rooms, elles aussi loin de voler la vedette aux œuvres, cette édition se parcourt avec un plaisir léger, encourageant les rebonds et offrant une navigation décontractée à travers les propositions de galeries qui, pour certaines d’entre elles, ont fait de véritables choix. Au jour de notre visite, l’ensemble des œuvres tenait sur 41 pages présentant 42 d’entre elles, de quoi occuper tout de même, on le confirme, un bon moment. La FIAC reste surtout, si l’on excepte l’absence évidente de mediums moins propices à l’exposition sur écran, un bon baromètre des goûts de l’époque avec la multiplication de photographies particulièrement léchées (loin des portraits sur le vif qui garnissaient, il y a encore quelques années, les cimaises) et la prégnance d’une peinture naïve ou à la figuration libre, fluide et légère (à la manière des images d’Epinal de Matisse, Kandinsky, voire Cocteau), médium qui n’en finit pas de se réinventer.
Au final, cette première édition de la FIAC Online vient rassurer, sans effet de manche, sans campagne tapageuse et avec une sobriété bienvenue, un peu quant à la vitalité du marché de l’art. Loin de se précipiter dans l’urgence d’une restructuration de ses modes de rencontre, cette promenade « à l’ancienne » en ligne laisse entrevoir le rôle toujours majeur que tiendra l’espace physique de la galerie, seul à même de faire véritablement respirer, à travers une exposition, un accrochage pensé, l’œuvre d’art.
Guillaume Benoit
À l’image de cette édition, notre sélection, loin d’être exhaustive, oscille entre une beauté formelle assumée, un goût de la composition qui ressort évidemment particulièrement d’un tel format et une audace bienvenue avec des œuvres qui, loin de s’accommoder d’une rencontre intime, viennent bousculer nos codes, « jusque dans nos bras » :