Paul Noble — Les nominés du prix Turner 2012
La liste des nominés pour le prix Turner 2012 qui sera remis le 3 décembre a été dévoilée ce 1er mai. Toute la semaine, Slash vous invite à la découverte de ces quatre artistes britanniques. Aujourd’hui, Paul Noble.
Depuis près de vingt ans, Paul Noble (né en 1963 à Dilston) travaille, à travers ses dessins et sculptures à un projet titanesque, inventer une ville, Nobson Newtown, sur le modèle des cités-jardins imaginées par Ebenezer Howard, urbaniste prônant la construction de communautés autonomes organisées autour d’espaces agricoles. Une obsession qui nourrit l’imaginaire de cet artiste.
Se jouant des perspectives et des proportions, ses dessins font pulluler des architectures intrigantes, une végétation peu orthodoxe et des êtres d’un autre temps avec un humour et une précision singuliers. De ces perspectives cavalières inspirées des cartes militaires se dégage ainsi une bizarrerie en suspens, où le fourmillement invite le spectateur à sauter allègrement d’une scénette à l’autre, engagé aux côtés de l’artiste dans la fantaisie aux accents borgesiens de l’invention d’une ville qui n’existait pas. Lui-même considère que face à ses dessins, chacun devient « l’architecte, et le dessin un plan architectural. On cesse d’être ancrés au sol pour flotter dans les airs comme un ange par dessus la scène décrite, s’appropriant alors le projet tout entier. »
Ainsi, ce membre de City Racing, un groupe artistique qui officiait à Londres dans les années 90 a toujours, dans ses productions, travaillé à la répétition et à l’accumulation des motifs, faisant de chacun de ses dessins un trésor de conception et d’agencement d’éléments récurrents de son vocabulaire artistique (on pense par exemple à cette série Dot to Dot dans laquelle le simple point devient un vecteur de formes organiques). Donnant corps à l’utopie, Paul Noble poursuit sa démarche sans en dévier, offrant un corpus d’une rare cohérence dont la méticulosité et l’obsession font toute la force.
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