Pauline Curnier Jardin à la Galerie de Noisy-le-Sec
                     
   « Cœur de silex — Une invitation à Pauline Curnier Jardin », La Galerie - Centre d’art contemporain du 25 février au 21 avril 2012.
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 Dans le cadre de sa résidence à la Galerie de Noisy-le-Sec, Pauline Curnier Jardin s’est plongée dans l’histoire de la ville, témoin de la redécouverte d’un silex du Paléolithique au début du 20ème siècle et d’un bombardement pendant la guerre. De ce contexte, elle a conçu l’exposition Cœur de Silex et le film éponyme, relecture historique mêlant ironie baroque et critique socio-acerbe. L’exposition est aussi l’occasion pour cette plasticienne née en 1980, qui valorise l’esprit de la « troupe », d’inviter une vingtaine d’autres artistes avec lesquels elle a parfois collaboré. Ce joyeux mélange, essentiellement féminin, donne à voir une esthétique décomplexée, archaïque et burlesque. Ritualisée pourrait-on même dire à la vue de ce grand faux silex signé Rachel Garcia, qui attire à lui des chaises ornées d’yeux, reprenant le costume donné à la Bernadette Soubirous du précédent film de Pauline Curnier Jardin (Grotta Profunda). Très cohérente dans son choix d’œuvres, cette exposition montre que l’univers de celle qui se fait hôtesse pour l’occasion est sans cesse nourri de ses propres pièces, dans une sorte d’auto-régénérescence. Il s’inspire aussi des histoires racontées par les amis artistes ; Marie Losier met en scène une version décalée du carnaval de Dunkerque, Elisa Pône filme une sensualité angoissante découlant de Pasolini, le collectif Das Dingbât présente Un iguane farci au poulet et Catriona Shaw dessine une relation avec une fusée androgyne… Maja Nilsen, qui partage son atelier avec Pauline Curnier Jardin à Berlin, se révèle la plus proche au niveau des formes. C’est aussi
                  
                  
                      l’une des plus belles découvertes de l’exposition, avec ses sculptures évoquant des objets qui auraient été collectés lors d’un voyage en pays surréaliste. D’ailleurs les œuvres sont difficilement analysables. Elles déclenchent au premier regard des sourires, voire de francs éclats de rire chez les visiteurs. Mais en écoutant bien l’épopée noiséenne du film Cœur de Silex, dont les archétypes rejouent, sur un modèle déjanté, la figure de l’allié et de l’occupant (en référence à l’épisode de 1944) ou du banlieusard, certaines phrases renvoient malheureusement à une actualité parfois dégoulinante. À l’exemple de ces protagonistes qui parlent de « L’avenir de la France » ou demandent : « À quoi reconnaît-on un Français ? ». Comme à la fin d’une soirée en groupe ou à l’aube naissante après le carnaval, le visage se fige, la mâchoire fait mal et le rire se mue en grimace… dans une liberté de ton que l’on voit rarement sur la scène française.
                  
                
		
		 
      	   
       
          
          
          
          
          
          
         