Orlan et la chair se fait verbe
Depuis les années soixante, Orlan, première plasticienne à poser la chirurgie comme médium artistique, interroge le statut du corps humain et les standards imposés aux femmes. Son œuvre se déploie à travers la photographie, la sculpture, la vidéo, mais aussi la performance, l’installation ou la biotechnologie. Le film Orlan et la chair se fait verbe retrace ce parcours singulier, au fil d’archives, d’anecdotes et de commentaires.
Le titre s’inspire du manifeste de l’Art Charnel, signé Orlan, renversant « le principe chrétien du verbe qui se fait chair ». Sont notamment présentées des œuvres emblématiques telles Orlan accouche d’elle-même (1964), photographie fondatrice issue des « Corps-sculptures », La Réincarnation de Sainte-Orlan (1990) — reprenant les neuf opérations chirurgicales mises en scène par l’artiste et théorisées dans le texte Ceci est mon corps… Ceci est mon logiciel… (1990) — ou Le Manteau d’Arlequin (2007), pièce créée à partir de diverses cellules animales et humaines, dont celles de l’artiste.
D’hybridations en auto-portraits, la chair, malléable, y est toujours le matériau privilégié. Car Orlan explore la capacité de chacun à « mettre au monde » son identité, comme à résister aux « pressions sociales, politiques, religieuses qui s’impriment dans les chairs. » Ce n’est pas tant le résultat plastique de l’opération qui importe que le corps devenu ready-made modifié et lieu de débat public. Porté par la voix de l’artiste-biographe, le documentaire de Fanny Dal Magro offre ainsi un itinéraire au cœur de ce dédale artistique où se mêlent athéisme et féminisme. Au-delà de la polémique, il éclaire la vie et la pratique d’une artiste qui, non sans violence, a su extraire de son corps son dire.
Projection de Orlan et la chair se fait verbe, jeudi 20 septembre à 20h — Un film documentaire de Fanny Dal Magro, durée 52 minutes.