« Paris Photo — 20e édition », Grand Palais – La nef du 10 au 13 novembre 2016.
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Pour cette 20e édition, Paris Photo continue sur sa lancée et accueille une sélection de haute tenue assez éclectique qui parvient à unir des mondes divers en laissant une bonne visibilité à chacun. On passe ainsi des prémisses de l’expérience photographique aux démarches les plus conceptuelles tout en croisant une photographie plus classique de reportage qui met en valeur des figures de la société et attire les regards. De mieux en mieux pensée, la foire se déploie sous la verrière avec une belle cohérence, laissant une large place à l’édition mais proposant aussi, pour le plus grand plaisir des amateurs, un espace dédié aux projets d’envergure. Sept artistes jouissent ainsi du salon d’honneur et y déploient des œuvres fortes dans un très beau parcours. De même, une rétrospective de qualité des acquisitions du Centre Pompidou offre un contrepoint passionnant à ce déluge de propositions. Une parenthèse salutaire qui invente une association foire-exposition qui pourrait donner de nombreuses idées à l’avenir. Sobre, sérieuse et convaincante, Paris Photo impose donc, au fil des ans, une personnalité séduisante qui constitue un écrin idéal au médium photographique.
Sélection des œuvres marquantes de cette édition :
Galerie Gagosian — Taryn Simon
Taryn Simon, Comprehensive claims settlement agreement between Libya and the United States. Tripoli, Libya, August 14, 2008, 2015
© Taryn Simon — Courtesy Gagosian
Issues de sa superbe série consacrée aux bouquets de fleurs qui ont accompagné les signatures de grands traités internationaux, Les photographies présentées sur le stand de la galerie Gagosian nous rappellent l’intelligence du regard décalé de cette artiste singulière sur notre histoire.
Galerie Christophe Gaillard — Pierre Molinier
Pierre Molinier, Poupée 2, 1963 — Tirage argentique d’époque, Pièce unique
© Droits réservés
Dédié à la photographie d’actionnisme et de performances, le stand de Christophe Gaillard constitue l’une des grandes réussites du salon avec un dialogue merveilleusement perturbant et fructueux entre Michel Journiac, Arnulf Rainer et surtout la mise en avant exceptionnelle de Pierre Molinier, le « maître du vertige » selon André Breton, dont on pénêtre l’univers aussi inquiétant qu’irrésistiblement magnétique.
Galerie Lelong — David Hockney
David Hockney, Perspective Should Be Reversed
Courtesy de l’artiste et galerie Lelong, Paris
Une série d’une audace incroyable qui démolit les perspectives en se jouant des lignes de fuite en même temps qu’elle arase les distances entre peinture et photographie. Une fois encore, le maître David Hockney nous prouve sa virtuosité à manier les technologies pour déployer son art de la composition, aussi subversif qu’insolemment inventif.
Galerie Cécile Fakhoury — François-Xavier Gbré
François-Xavier Gbré, Appartement du directeur, Imprimerie nationale, Porto Novo, Bénin
Courtesy de l’artiste et galerie Cécile Fakhoury, Abidjan
Une myriade de photographies qui constituent une installation de qualité avec François-Xavier Gbré, chez qui les intérieurs et paysages semblent des natures mortes, espaces fonctionnels à habiter. Dans la multitude de petits formats, panoramas et détails se mêlent pour dessiner un herbier urbain d’une belle intensité.
Polka Galerie — Tiane Doan na Champassak
Tiane Doan na Champassak, Thaïkini #9, 2016
© Tiane Doan na Champassak, courtesy Polka Galerie
Tiane Doan na Champassak foudroie le regard avec la multitude de vignettes qui composent ses
Thaikinis, collection d’images de seins, fesses et pubis. Derrière l’explosive sensualité, la réalité terrible d’une société où le corps est devenu bien de consommation et où le mélange de luxure et de pudeur hypocrite brouille les repères autant que les codes en faisant de l’organe sexuel un élément de composition en soi.
Galerie Les filles du Calvaire — Katrien De Blauwer
Katrien De Blauwer, Jump cuts 1, 2015
Courtesy de l’artiste et galerie Les Filles du calvaire, Paris
La galerie dédie l’une de ses cimaises à Katrien De Blauwer qui, avec ses collages, organise une merveilleuse série d’accords, accrocs et raccords d’images glanées dans des magazines d’époque qui dessinent des fragments surréalistes, poétiques et incroyablement efficaces.
Galerie Untilthen & Dvir — Douglas Gordon
Douglas Gordon, vue de l’installation espace Prismes, Paris Photo 2016
Courtesy galeries Untilthen et Dvir
Dans la division « Prismes », l’espace dédié à Douglas Gordon présenté par les galeries Untilthen et Dver fait sensation en exposant un déluge de chair dans une installation vertigineuse qui nous plonge au cœur d’ébats paradoxaux.
Galeria Continua — Leila Alaoui
Leila Alaoui, Mariée de Khamlia, Sud du Maroc, 2014
© Droits réservés
La galerie présente les portraits envoûtants de Leila Alaoui, inspirés des travaux de Robert Frank, qui oscillent entre objectivité scientifique et appui sensible de la singularité. Ses sujets, drapés dans des costumes portés avec grâce et fierté, semblent déconstruire les mythes de la colonisation en affrontant directement l’exotisme pour révéler la particularité, la force et la dignité des atours traditionnels. Une mise en avant qui sonne comme un hommage touchant à cette jeune photographe disparue en janvier dernier.