FIAC 2016 — Le Grand Palais
Cette année encore, la FIAC a proposé un événement excitant et dynamique qui maintient son exigence et continue de faire rayonner la capitale durant cette semaine de l’art. Retour sur un moment d’exception et focus sur la foire en peinture(s).
Malgré les nombreux doutes sur le tournant toujours plus international de la foire, la FIAC affirme sa singularité avec une très belle édition et s’impose comme un rendez-vous incontournable du monde de l’art. Sa résonance avec le Petit Palais aura été indéniablement l’un des événements de la semaine, redécouvrant l’espace originel entre ces deux bâtiments et offrant un véritable lieu de vie pour les visiteurs.
Avec un rez-de-chaussée toujours aussi prestigieux où, en dehors de propositions aussi classiques qu’efficaces, une certaine sobriété s’est fait sentir dans les allées bien remplies de la Nef du Grand Palais. Une retenue salutaire qui tranche avec les innombrables installations monumentales des dernières années. Quelques exceptions cependant avec l’installation de Leandro Erlich dont l’implication du visiteur au cœur d’un labyrinthe de cabines d’essayage paraissait totalement décalé dans ce contexte et donc d’autant plus intéressant. De même, la galerie Magazzino s’est vraiment prêtée au jeu et a su offrir un stand hautement qualitatif avec une mise en scène et un dialogue à voix multiples passionnant entre artistes, parmi lesquels Mircea Cantor s’est encore illustré. Pour les esprits les plus aventureux, c’est à l’étage et dans les couloirs du Grand Palais que les propositions auront été les plus excitantes avec une profusion de galeries dont les dynamiques ne se démentent pas. La concentration et la qualité y sont telles qu’il paraît difficile de trouver un meilleur équilibre pour le lieu. Une réussite que confirment ainsi les chiffres, avec, contre toute attente, une fréquentation en hausse et des ventes satisfaisantes pour de nombreuses galeries.
Parmi les très belles pièces de la foire, on aura aperçu un formidable buste du tout récent lauréat du prix Duchamp, Kader Attia à la Galleria Continua, mais aussi les étonnants panneaux à la croisée de la peinture, maquette et sculpture de Tadashi Kawamata, qui résonnent avec les maîtres du XXe siècle et les recherches de plasticiens émergents. Mais cette année, la peinture nous a paru inscrire définitivement sa place prépondérante dans la foire et imprimer son incroyable diversité, donnant lieu à de formidables retrouvailles. Nous avons voulu leur rendre un hommage mérité :
Incontestablement l’une des pièces marquantes de la foire, le petit format issu d’une série inédite de Philippe Mayaux chez Loevenbruck, planté au centre d’une large cimaise blanche, annonce une évolution particulièrement excitante de son travail.
La White Cube Gallery présentait quant à elle une toile récente de Tracey Emin qui sait, dans une relative économie de moyens et artifices, apposer une force exceptionnelle à ses visions, en témoigne ce Sunday Morning intimiste et ouvert.
C’est aussi avec un petit format qu’Etel Adnan séduit sur le stand de la galerie Lelong, nous rappelant à la poésie de ses paysages mentaux délicats.
Jason Martin poursuit, lui, son exploration de la matière peinture avec un formidable Paysage qui intrigue, tant dans la représentation qu’il nous donne du monde que dans la matière dont il use pour le modeler.
Sur le même stand, impossible de ne pas être interpellé par le tableau de Yan Pei Ming, habitué de la foire, qui offre cette année un reflet sidérant de notre présent tout en convoquant l’histoire et la tradition picturale.
Chez Laurent Godin, c’est sur aluminium que Marlène Mocquet installe sa fantaisie grave pour un résultat plus que convaincant, offrant à son imaginaire un arrière-fond plus brut et direct.
On aura retrouvé également les saisissantes figures de Claire Tabouret chez Bugada & Cargnel, en mouvement là aussi et portées par une réelle force de représentation.
Jim Shaw, enfin, exposait sur le stand de Métro Pictures une peinture énigmatique et fantaisiste qui étonnait et détonnait pour notre plus grand plaisir.
Une nouvelle édition qui confirme les choix forts de la foire et la place que prend cette FIAC dans le paysage artistique mondial et l’on ne peut que saluer la bonne santé de l’événement et sa pertinence.