Petr Kirusha — Iragui Gallery, Romainville
À la galerie Iragui de Romainville, l’exposition Ivres d’un soleil qui crève la poitrine, consacrée à l’artiste Petr Kirusha et commissariée par Vents Vinbergs, dévoile un ensemble saisissant de peintures et dessins qui embarquent avec générosité le visiteur dans un flot d’émotions et d’inventions réjouissant.
Et de fait, Petr Kirusha, né en 1978 au Tadjikistan, émigré à Riga où il vit aujourd’hui et formé en partie à Moscou fait vibrer les cimaises de la galerie par l’ampleur d’un art qui emmagasine autant qu’il réinvente le monde qui l’entoure. Ses œuvres surgissent de l’instant et de l’effacement, s’empilent et se chevauchent sans jamais s’annuler, partageant toutes à leur surface ce tremblement du vécu, comme si chaque geste sur le papier tentait de rattraper la course du temps…
Des fragments de vie qui disent toute l’urgence d’une pratique dont on perçoit pourtant, par certains angles, une stase, une composition ici ou là émerge comme une pause synthétique qui fige le regard. Le fantastique surgit, hirsute, des saynètes quotidiennes. Car rien n’est anodin. Composition imaginaire ou instant fugitif ; la question s’étiole face au magnétisme de certains de ses travaux, faisant passer l’artiste de témoin d’un quotidien à moteur de sa réinvention, pôle organique de son mouvement.
Et la question de l’identité, portée par le commissariat de l’exposition, se dilue dans une dimension autrement plus intéressante portée par l’œuvre plastique de l’artiste lui-même.
Pour dessiner, au sein même de l’ensemble, un portrait en négatif, celui d’une constellation, ces éclats de vide qui relient tous les points entre eux.
Petr Kirusha, Ivres d’un soleil qui crève la poitrine, du 19 novembre au 20 décembre, Iragui Gallery, 43, rue de la Commune de Paris, 93230, Romainville – Du mardi au samedi de 10h à 18h