Philippe Ramette — Galerie Xippas
Chez Xippas, Philippe Ramette déploie les figurines d’une histoire qui se joue dans les songes burlesques d’un imaginaire ambivalent. Entre mise en scène de soi et souci d’en révéler l’autre, la déclinaison de saynètes donne corps à l’absurde.
Dans la profusion et la multiplication de ces figures d’un seul homme, éminemment plastique malgré la rigidité du médium employé, c’est peut-être la dimension autocratique qui touche le plus. Eminemment liée à l’histoire de la représentation, la variation sculpture photographie touche l’histoire et l’iconographie de personnages incarnant par leur seule image la force d’un groupe mais aussi référence à ses premières œuvres avec l’utilisation d’une prothèse. Toute autorité s’effondre pourtant dans le vertige de fragilité que suppose cette mise en scène détachée de toute velléité fictionnelle ou documentaire. Méticuleusement inutile et précieusement absurde, ce dictateur de lui-même, affublé d’un touchant arrosoir doré dessine en filigrane une allégorie de la vanité en enregistrant et compilant ses propres poses pour un objectif résolument déséquilibré.
Sur le fil de ses photographies qui jouaient du déséquilibre d’un homme dans son environnement, Philippe Ramette pousse le jeu du sens à un niveau supérieur qui nous entraine avec lui, dès lors que notre position face à son corps détermine la rectitude de sa silhouette. En se délivrant ainsi de la gravité, il libère des perspectives et champs de vision possible qui, dans la sculpture, n’ont plus rien de hors-champ mais deviennent des réalités.
Une invention bienvenue dans un œuvre qui a toujours cherché à se renouveler et trouve dans cette formule un renouvellement réjouissant qui, si elle signe définitivement la singularité d’un esprit burlesque, invite plus encore l’autre dans un monde dont les portes lui sont closes. Et excite par là-même sa capacité à en inventer, à son tour, les possibles et s’emparer, par l’imaginaire, de sa capacité à s’en émanciper.