Poppositions 2018 — Bruxelles
Foire, salon, exposition, Poppositions navigue depuis sept ans sur la crête en imposant sa singularité dans l’effervescence artistique bruxelloise de la mi-avril. Autour de la foire ArtBrussels, elle fait partie des rares événements qui ont su imposer leur singularité pour s’afficher dans la durée et continuer de proposer, cette année encore, une programmation inventive et inclassable qui en fait l’un des incontournables de ce week-end belge.
Une vitalité et un esprit « à part » résolument assumés avec des mots d’ordre malicieux qui questionnent, dans son ordre initial, le principe et la légitimité même de la foire dans le contexte de la création, sans crainte d’affronter directement le paradoxe d’un art partagé à des fins mercantiles. Ainsi, la première édition annonçait ce ton radical en se plaçant sous l’égide d’une citation de Frank Vande Veire, « Art fairs are for art what porn is for erotica » (Les foires sont à l’art ce que la pornographie est à l’érotisme). Si les premières éditions regroupaient une large majorité d’acteurs belges, Poppositions propose depuis trois ans une sélection plus internationale qui fait d’elle une zone de confluences où les tendances et genres se mêlent autour d’un projet commun.
Cette année encore, Poppositions affirme sa singularité en investissant les anciens ateliers Coppens avec une édition placée sous la coupe de l’esprit libre, inquiet et postmoderne du Richard Brautigan de In Watermelon Sugar, roman post-apocalyptique dont la question de la reconstruction d’un monde hante les œuvres présentées ici. Sur le plan formel comme dans son organisation concrète, Poppositions 2018 va ainsi tenter d’embrasser la possibilité d’inventer à son tour des mondes en provoquant la rencontre et le débat critique autour des thématiques articulées par les artistes invités.
Un programme qui s’annonce d’ores et déjà plus qu’excitant avec une sélection de 29 participants parmi lesquelles les galeries françaises Chez Mohamed et Lemow, la galerie belge Archiraar, les galeries anglaises Tintype, Vitrine, Narrative project et Arcade London mais aussi les galeries espagnoles Formato Comodo et José de la Fuente, la galerie canadienne Waap, la galerie russe Loft Project Etagi ou encore la galerie hongroise Horizont, De même on note une présence importante d’« artist-run spaces » et autres plateformes hybrides avec Rib, Superdeals, EKKM, Wellness Centre Future Proof, Alta Art Space, Display, Dienstgebaude, Laagencia, Mama, Podium Oslo, Suns & Stars, Syndicate, Kunsthalle Tropical, Vleeshal Middelburg, Ventilator et Lamart Artspace, qui inscrivent la foire dans la problématique actuelle des nouvelles stratégies de diffusion et de production des arts visuels. On notera également la participation de Florence Loewy dans la section édition ainsi que de la très dynamique plateforme Le Châssis. Poppositions invite par ailleurs de nombreux artistes à intervenir au gré de conférences, performances et autres événements qui courront sur toute la période de la foire.
Avec de nombreux jeunes artistes et une ambition curatoriale toujours aussi prégnante, cette année encore Poppositions souligne sa ligne émergente et sa propension à la découverte, à l’invention et à la mise en perspective des regards. Une initiative salutaire dans un paysage qui, on l’espère, saura faire fructifier au-delà des frontières la prise de risques et la recherche de nouvelles formes d’expositions en période d’intense activité mercantile.