Vivian Maier — Galerie des Douches
Après une exposition à New York et un livre, la galerie des Douches expose les tirages postérieurs (peu de vintage) de Vivian Maier, photographe reconnue de façon posthume, qui cacha son travail jusqu’à la fin de sa vie. Une (re)découverte aussi émouvante que déchirante qui tisse les fils d’un mystère encore non élucidé.
« Vivian Maier », Les Douches la Galerie du 16 octobre au 21 décembre 2013. En savoir plus En 2009 à Chicago, Vivian Maier, ancienne nurse, s’éteignait à 83 ans dans un complet anonymat et un grand dénuement. C’est cette même personne qui est aujourd’hui considérée comme l’un des plus grands noms de la street photography, aux côtés de Robert Frank ou Walker Evans. Pourquoi Vivian Maier ne montra-t-elle aucun de ses tirages de son vivant ? Pourquoi se cacha-t-elle pour les développer ? Certains, du reste, ne furent jamais développés. Pourquoi ni les enfants qu’elle gardait, ni la famille chez qui elle était femme au pair, n’ont fait preuve de plus de curiosité face à cette figure fantasque dont le Rolleiflex ne quittait pas le cou ? Il fallut attendre l’année 2007 pour que le hasard écrive cette reconnaissance posthume.En 2007, John Maloof, jeune agent immobilier à la recherche d’images d’archives du quartier de Portage Park à Chicago tombe sur une vente aux enchères : 120 000 tirages pour une somme dérisoire. Le voilà propriétaire d’une imposante malle dont l’histoire ne faisait que commencer. Quelques temps plus tard, il postera sur Flickr quelques images scannées pour en connaître la valeur. Les réseaux sociaux ne tarderont pas à s’emballer et cette question de revenir sur toutes les bouches des historiens d’art ou experts ; quel est l’auteur de ces compositions en noir et blanc qui rappellent aussi bien les surréalistes que Lisette Model ou Diane Arbus ? John Maloof réalise alors qu’il est détenteur d’une collection d’une richesse absolue et signe un contrat avec la galerie Howard Greenberg, qui représente les plus grands photographes du XXème siècle parmi lesquels Berenice Abbott, Sarah Moon, Bob Adelman ou Roman Vishniac…
Romanesque est jusqu’au bout l’histoire puisque John Maloof n’apprendra l’existence de Vivian Maier que quelques jours après sa mort, après de longues recherches pour recouper les informations. Aujourd’hui, il est propriétaire à 90% de son œuvre. Un œuvre d’une beauté plastique évidente qui oscille entre le surréalisme, la Nouvelle Objectivité et la photographie documentaire moderne. Qui joue habilement avec le double, car Vivian Maier, faute d’avoir dit qu’elle était photographe prenait constamment son reflet en photo. Un reflet que l’on pourra interpréter, à tort ou à raison, comme l’ombre d’une carrière fantasmée et rêvée. Réalisée, sans jamais l’avoir su.