Claude Viallat — Galerie Daniel Templon
Au creux de l’été, à La galerie Templon, s’épanouissent des deux côtés de la rue Beaubourg, les œuvres de Claude Viallat, accrochées tel qu’il se doit, sans châssis. Une mise en espace juste et jouissive.
« Claude Viallat — Les années 80 », Galerie Templon du 4 juin au 23 juillet 2016. En savoir plus Accrochage estival opportun. Dansent à même les murs de la galerie, fragments de toiles de tente, de parasols et bâches de cabines de plage. Rebuts heureux, populaires qui laissent deviner quelques éclats de rire d’enfants qui barbotent non loin. L’univers du bain de mer et des vacances émerge en filigrane et semble avoir été rejeté sur un rivage imaginaire. S’il est une saison qui se conjugue à merveille avec la vision de la toile de Viallat, « un espace tactile et sensuel avant tout », c’est bien l’été, période où les corps se déshabillent sans pudeur et retrouvent une sensualité enfouie, une immédiateté au contact du monde. La toile, chez lui, est peut-être cette surface de peau, qui n’existe et n’a de valeur que si elle est vue nue. Sans châssis, donc. Dans son simple appareil.Dès 1970, lorsque s’est tenue l’exposition Supports/Surfaces à l’ARC, les bases de cette désacralisation de l’art et de l’accrochage étaient jetées. Les toiles doivent voler, libres. Viallat les exposait dans la rue, comme en 1972 à Perpignan, ou pendant sa période des travaux de l’été 1970, à Coaraze, comme de simples rideaux dans lesquels s’engouffrait l’air. Car la nature a bien sa place dans son travail. Les motifs de ces toiles des années 80, sur lesquelles le parcours porte son attention, sont itératifs, ils se multiplient jusqu’à former une suite de Fibonacci, naturelle et organique. Des motifs qui s’inspirent directement des filets de pêche qui quadrillent le réel, l’organisent, et font entrer le vide de la nature en intégrant l’héritage du pattern painting.
L’œil pourrait se lasser mais il se trouve face à une variété de support et donc de couleurs puisque selon le tissu les pigments réagissent comme ils veulent. Supports. Surfaces. Tenant d’une peinture iconoclaste, Viallat, qui n’hésite pas à fouler du pied sa toile, rappelle la force d’une peinture gestuelle d’un Simon Hantai à partir de 1957.