Jean Tinguely, Relief très stable, 1956
Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris / Photo : André Morin
Jean Tinguely à la galerie G-P & N Vallois
1 - Pas mal
Critique
Critique
Le 15 octobre 2012 — Par Guillaume Benoit
« Jean Tinguely — Méta-Reliefs / Méta-Matics (1955-1961) », Galerie G-P & N Vallois du 5 octobre au 17 novembre 2012.
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Trop rare, l’œuvre de Jean Tinguely a pourtant beaucoup à nous dire. Car derrière les mécaniques élémentaires de ses créations, les processus baroques de mise en œuvre du mouvement, c’est une véritable poétique du geste et de la vision qui émane de son art. À l’image de ces
Méta-reliefs, au cœur de cette monographie organisée par la galerie G-P & N Vallois, qui invitent le spectateur à actionner, avec son pied, un moteur qui fera se mouvoir les motifs accrochés au panneau de bois et démarrer ainsi une ronde lente et hypnotique d’ombres et de formes. Comme sortant d’une hibernation dans sa rencontre avec le spectateur, l’art de
Tinguely a des airs de célébration de la vie. Il faut ainsi voir le visage enjoué de l’artiste immortalisé par les photographies de l’époque alors qu’il organise une démonstration de son Métamatic portatif, machinerie rudimentaire dont la manivelle actionne un bras surmonté d’un feutre crayonnant sur une feuille qu’on aura pris soin de fixer sur le réceptacle prévu à cet effet. Véritable performance, cet art ludique n’en est pas moins un vibrant manifeste de la création « en mouvement ». Dans son questionnement du rapport causal d’abord, Jean Tinguely subordonne le résultat imprévisible du dessin à un acte purement mécanique. Dans l’abandon de l’art comme simple « image » ensuite ; les Méta-reliefs et leur variation perpétuelle libèrent la forme de sa prison, de sa fixation par l’artiste, pour continuer leur mue et forcer le regard à « s’activer » lui aussi.