Jeune Création — 69e édition
La 69e édition de Jeune Création, en cours jusqu’au 02 février 2020 cache, sous son foisonnement, une unité inattendue qui fait de cette rencontre une véritable exposition dont les contradictions nourrissent un dialogue composite et bigarré mais cohérent.
« Jeune Création — 69e édition », Jeune Création du 26 janvier au 2 février 2020. En savoir plus Evénement à part dans le monde de l’art contemporain, Jeune Création ne prétend pas se faire témoin d’une tendance affirmée ou d’un regard critique sur la création contemporaine. Pourtant, cette année encore, l’exposition parvient à faire naître un véritable souffle qui semble nous dire beaucoup de la création du moment. Et offre ainsi une plongée pleine de sentiments pluriels qui font tout l’intérêt de l’événement. À travers la conjonction d’une sélection pointue, diverse et étoffée, l’identité flottante d’un lieu en transition, dans l’attente d’une transformation qui lui rendra toute sa fonctionnalité et l’énergie déployée par ses artistes (55 artistes disposant d’assez d’espace pour plusieurs œuvres), les tendances et les axes se dessinent, se répondent entre des œuvres très différentes, des démarches souvent bien affirmées qui semblent unies ici par une somme de hasards qui pourraient bien faire nécessité.Découvrez notre sélection Découvertes Jeune Création, 69e édition
Moins directement cérébrales certainement et faisant appel à moins de références clairement citées, les œuvres présentées n’en sont pas moins des puits de réflexion de théories, d’histoires et de cultures déjà absorbées. Une tendance plus synthétique, plus pudique peut-être également qui passe par l’émotion, l’affect et le sentiment de l’autre. Une direction stimulante qui inscrit la plupart des œuvres dans un processus en cours, comme autant de zones magnétiques figeant un moment plus qu’un concept, attirant souvent à elles des éléments extérieurs et cherchant précisément l’accident. En cela, dans la concrétude d’une pratique éclatée naît de cet ensemble une nouvelle forme de disparition de l’auteur captivante en ce qu’elle poursuit une problématique moderne en lui adjoignant les conditions de son existence contemporaine, prise au piège de l’identification généralisée et de l’accès généralisé à l’information, à la classification.
Ce champ de bataille théorique, on le sent, en est à ses prémisses et l’urgence, la multiplication des œuvres en tension, potentiellement « réutilisables », « recyclables » appuie également les enjeux sociétaux d’une génération confrontée à la possibilité de son extinction naturelle.
De la ruine des théories totales, des idéologies globalisées et des utopies amères émerge ainsi, dans cet espace aux volumes somptueux, la possibilité d’une refondation émotionnelle, un moment d’échanges, de partage qui pourrait bien révéler l’assise, certes encore bancale et intentionnellement fragile, d’un monde appelant un nouveau récit.