La Bibliothèque grise — La Ferme du Buisson, Noisiel
La Ferme du Buisson présente le projet La Bibliothèque grise porté par le duo Jérôme Dupeyrat et Laurent Sfar, respectivement historien d’art et plasticien, qui propose autour d’un noyau central d’une liste de livres d’articuler un parcours qui donne autant à voir qu’à lire.
« La Bibliothèque grise — Ch.4 : Objets parlants », La Ferme du Buisson, Centre d’art contemporain du 19 mai au 5 septembre 2021. En savoir plus Avec une mise en avant appuyée des illustrations de modèles végétaux du Docteur Louis Auzoux, des poupées de Marie-Jeanne Nouvellon et des archives historiques de tous horizons, l’exposition réitère l’expérience de la bibliothèque pour la quatrième fois et dispose dans l’espace d’exposition une multitude “d’objets parlants” (livres d’art, objets, vidéos, installations, végétaux) qui accompagnent une réflexion qui fait de la terre, de l’espace et de la possibilité chaque fois renouvelée d’y “faire” racine, un acte créatif.Une exposition portée par un attachement fondamental à l’objet livre en tant qu’outil de partage mais aussi à ce que tout objet peut livrer d’écrit ainsi qu’au livre en tant qu’il peut créer une communauté, un lieu. C’est la force de cette “bibliothèque” aux frontières plastiques, qui met à disposition, montre et invite surtout à s’emparer de son savoir pour créer à son tour son lot de matière à partager. Le livre devient alors un prétexte, un outil de mise en relation qui offre au duo de créateurs une entrée dans le monde d’autres. À l’image de la table présentée à l’étage, témoin d’une multitude de discussions et d’invitations leur ayant fourni matière à parachever leur projet.
Projet plastique en ce qu’il redistribue dans l’espace des objets bien dans une mise en scène pensée par rapport à son lieu de monstration, cette bibliothèque est aussi l’occasion d’interroger notre art du classement, science ancestrale teintée ici d’une inévitable marque affective, un débordement nécessaire lorsqu’on aborde la notion de bibliothèque. L’intelligence du parti-pris tient précisément ici à l’absence d’ambition d’une bibliothèque idéale, chimère qui n’intéresse finalement que son conservateur.
Les usages et échanges dictent ainsi dans cette mise en espace de la lettre l’économie d’un savoir qui étend son spectre à la seule mesure de ses compétences et fait de l’invitation à y prendre part le moteur de son enrichissement.