Lorna Simpson au Jeu de Paume
Pour sa première exposition en Europe, l’artiste new-yorkaise Lorna Simpson éblouit quand elle ne déçoit pas. Le jeu de Paume quant à lui met en scène délicatement ses corps noirs pris de dos et décadrés. Un parcours en demi teinte.
« Lorna Simpson », Jeu de Paume, Concorde du 28 mai au 1 septembre 2013. En savoir plus Lorna Simpson brille par ses photographies conceptuelles. Elle sont le plus souvent accompagnées de texte d’où surgit un discours « quasithéorique » dénué de lourdeur, sans emphase d’énonciation. Cette structuration de son travail souvent qualifié de « photo-texte » offre un regard double absolument vivant et passionnant où l’on plonge volontiers, se laissant happer par une image, belle en soi, complétée et soulignée par un sens littéral et explicite bienvenu. Pourtant, sur le long court, cette forme, aussi engageante qu’elle soit lasse un peu. Peut-être y a-t-il trop de couches conceptuelles traitées. L’identité, le genre, soit. Mais l’identité, le genre, la race, l’histoire et les classes sociales, sans doute est-ce là un programme trop ambitieux. Lorna Simpson a une vision, une signature visuelle forte, un discours intelligent, certes, mais l’excès de sujets abordés étouffe parfois son propos.On lui préférera The Car , datant de 1995, splendide composition d’une voiture sous une arche, scène banale s’il en est mais émouvante par la lumière qu’elle dégage symbolisant très certainement une forme d’espoir sacré, en tout cas divin.
Lorna Simpson brille par ses photographies conceptuelles.
Belles surprises, ses deux vidéos Chess (2013) et Cloudscape (2004) qui, l’une comme l’autre, captivent par leur forme. La première montre dans un prisme kaléidoscopique une partie d’échecs impossible menée par l’artiste face à elle-même, dont les cheveux blanchissent au fur à mesure que le jeu avance. Tandis que la seconde donne à voir un homme pris dans une brume expressionniste qui siffle un air inquiétant. Seul le temps passe, tranquille et nécessairement menaçant. Lorna Simpson démontre avec brio le travers de la photographie conceptuelle qui fait passer en force le sens et croit avoir besoin de se justifier de faire de belles images quand la beauté seule suffirait.