Yahya & Qotbi, Three Pillars Detail, Laiton finition bronze — 57,5 × 57,5 × 200 cm
Courtesy des artistes
Lumière invisible à l’Institut du monde arabe
3 - Bravo
Critique
Critique
Le 31 mai 2013 — Par P. B.-H.
« Yahya & Qotbi — Lumière Invisible », Institut du Monde Arabe du 10 avril au 7 juillet 2013.
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Yahya et Mehdi Qotbi, respectivement designer et peintre, font leur tâche avec amour. Ils osent, en orfèvres, mêler la tradition à l’abstraction, les arts de l’Islam au minimalisme occidental. A l’Institut du monde arabe, écriture et sculpture se nourrissent et correspondent, impliquant moins une soumission à la calligraphie rituelle qu’une subversion secrète de celle-ci. Ces langues venues d’Orient, jeu de murmures et d’échos muets, ils les fondent, ils les parent du travail silencieux de la lumière ; flux impalpable, lieu de traversée, que cernent et cisèlent le relief et le glyphe. Telle est leur intelligence du clair et de l’obscur, que, pour contenter une même quête d’équilibre, ils laissent toute franchise à
l’entrelacs des métaux. Bronze, laiton, acier ; sous leurs lignes sibyllines, sourd l’expérience du corps. Aux frontières du dicible et du visible, cette sensualité s’épanouit indépendamment des traditions arabo-islamiques. Alliance de signifiants dont le signifié reste en suspens — à l’exception du mot « salam », couvrant la surface d’un globe terrestre –, poétique dont l’opacité, liée à une tactique de contournement, révèle et miroite l’imaginaire. Et c’est de là, de ce chant alterné entre le signe et la matière, entre le creux et le plein, que naissent les accords les plus subtils. De déconcertation sémantique en concertation musicale, le parcours suspend geste et souffle, tandis que, cryptogrammes du monde, objets auratiques, en quelque sorte, les dix-sept pièces s’abîment élégamment dans l’espace du pavillon. Comme une manière de fermer les yeux.