Manon De Pauw, L’apprentie 2, 2008
Collection d’œuvres d’art de l’Université du Québec à Montréal
Manon de Pauw au centre culturel canadien
2 - Bien
Critique
Critique
Le 16 juillet 2012 — Par P. B.-H.
« Manon De Pauw. Intrigues », Centre culturel canadien du 4 avril au 8 septembre 2012.
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Ce qui se trame dans ces "Intrigues" — visuelles, mais aussi narratives — c’est une anatomie de l’image en mouvement. Feuille de papier, photographie ou installation participent d’une même enquête, expérimentale, sur la nature de son surgissement. Les autofictions corporelles de Manon de Pauw — ses « automachinations », dit-elle — puisent dans l’univers industriel. Mais il s’agit moins de performances que de contre-performances, et d’une esthétique de l’immobilité, posée comme acte de résistance. Derrière la stridence itérative et le tressautement des chaînes de montage, les titres
Vide intérieur ou
Ne pas s’inquiéter questionnent la beauté du « non-geste », allant jusqu’à orchestrer le
gâchis des forces de travail. Une manière d’allier espaces de projection et d’introspection, de disloquer les dispositifs sensoriels à l’œuvre, et de mettre à nu les paradoxes, errances et automatismes confondus, du travail artistique. Au cœur de cette scénographie habile, la sculpture vidéographique Répertoire séduit quant à elle pour les possibilités spatiales qu’elle offre. Surtout, son degré d’abstraction définit des niveaux de lecture sensibles. Le corps s’enfonce dans la matière même de l’image, lieu d’opacités et de transparences. De ces spectres de lumière disséqués, Manon de Pauw sait faire jaillir le temps irradié. Oscillant entre le réalisme de sa présence crue à l’écran et une poésie qui pare la moindre de ses interventions, l’artiste s’avance, et, dans le noir, dresse les tréteaux d’un théâtre où le jeu des formes déjoue toutes les évidences.