Simon Starling — Le Plateau
Trous, silences, transformations et recouvrements constituent autant d’évènements qui rythment le parcours imaginé par Simon Starling, artiste britannique né en 1967, proposé au Plateau jusqu’au 21 juillet.
« Simon Starling — Catherine, Masahiko, Rex et les autres », Frac île-de-france, le Plateau du 15 mai au 21 juillet 2019. En savoir plus Le « faire » et le travail industriel déjouent une première impression en retenue, dans l’ombre d’un maître laqueur qui ouvre l’exposition. Mais toute préciosité n’interdit pas la répétition et c’est à cette « re-production » possible ou impossible que s’attelle l’artiste qui convoque des figures singulières de l’invention, portées par le souci de l’économie et de la pureté d’un geste dont la mimétique n’annule en rien la profondeur. Autour de la figure du premier ordinateur, représenté ici par la reproduction, réalisée par une usine de tissage traditionnel, d’une des premières cartes perforées autorisant son fonctionnement, Simon Starling bouleverse le temps et les époques en créant des correspondances entre les ères technologiques autant qu’il maintient l’ambiguïté en usant de la figure du masque, très présente au sein du parcours.Le bruit sourd d’un projecteur cinématographique aujourd’hui « dépassé » étouffe le silence de la composition intemporelle de John Cage, le fameux 4’33" évoqué ici largement, créant à son tour des béances dans le temps qui sont autant de couloirs à travers lesquels l’appréhender. En ce sens, Simon Starling invente ici encore une histoire qui se joue de la chronologie, du « temps des machines » pour dessiner, à travers elles, une temporalité des intensités, une histoire des échos et des rebonds qui ménage une place de choix à la disparition, aux mutations dont l’impact sensible brouille la perception de sa causalité. Une histoire du doute qui devient ici prétexte à la réinvention et à l’exploration qui s’achève en une observation de l’histoire même du Plateau, érigé sur le site des anciens studios de la SFP où furent tournés notamment de nombreuses émissions télévisées des années 1980, parmi lesquelles la version française de Sesame Street, au cœur de la démarche de Hinrich Sachs, invité ici par l’artiste.
Avec Catherine, Masahiko, Rex et les autres, Le Plateau offre ainsi une exposition audacieuse et immersive qui permet à Simon Starling de développer, dans la longueur et avec une certaine économie, une véritable réflexion polymorphe autour de la perception du temps qui draine une remise en question de l’histoire, de la main et de la machine, de la production et de la disparition.