Anaïs de Chabaneix à la galerie Laure Roynette
En invitant Anaïs de Chabaneix, fraîchement émoulue de l’école des Beaux-Arts de Paris, la Galerie Laure Roynette confirme une fois de plus son envie de placer dans la lumière des artistes émergents. Après avoir marqué les esprits au Salon Jeune Création au 104 en 2011, elle bénéficie entre ces murs de sa première exposition personnelle. Un premier pas très prometteur.
Anaïs de Chabaneix — Beau Temps — Budtime @ Laure Roynette Gallery from March 23 to May 18, 2013. Learn more Le titre d’une exposition ne revêt pas toujours une dimension significative capitale. Ici, Beau Temps fait exception, et le mot temps, à comprendre comme une mesure donne le ton d’une part importante du travail de l’artiste. Le temps comme une pause, une suspension, un point d’orgue. Au fond de la galerie, la pièce Partition, (2009) en est une première illustration. Sous les traits de ce qui pourrait s’apparenter à une cible, Anaïs de Chabaneix représente le silence tel qu’il est incarné sur une portée de musique, s’inspirant au passage de John Cage et de son intérêt pour le vide et la disparition des notes. Ainsi la respiration, concept sansprise, sans forme, gagne des contours et une dimension plastique. C’est là l’intérêt principal de sa création, matérialiser l’immatériel, donner une image du vide.
Il en est de même avec Mesure, une caisse claire de batterie surmontée d’une pierre sur laquelle semblent prêtes à se briser deux baguettes de verre. Illustration d’une mélodie impossible à jouer sous la menace d’une cassure fatale ? C’est sans doute également la représentation d’une musique à imaginer car elle ne sera jamais jouée. Promesse de notes invisibles, l’œuvre parle en tout cas d’elle-même. Plus loin, la création Pesanteur muette évoque quant à elle le passage du temps grâce à un processus aussi simple qu’ingénieux : la peau d’un tambour remplacée par une feuille de plomb a gardé les stigmates des coups martelés. Serait-ce une façon de rassembler en une même image le coup de semonce que représente la fugacité de l’existence ? Il y a sûrement plus…
Et très certainement une référence explicite à la technique de la sculpture que n’importe quel étudiant en école d’art connaît : il faut sculpter en rythme. Et de cette régularité naît la forme idéale dont Anaïs de Chabaneix n’est réellement pas loin.