HeHe — Cac La Traverse, Alfortville
Autour de la métaphore du nuage, regroupant dans ses potentiels lexicaux la valeur éthérée du ciel, la toxicité des relents industriels et l’immatérialité des données numériques, le duo HeHe déploie dans l’espace de La Traverse une multitude d’installation comme autant de variations visant à en sonder les possibles.
Objet d’étude d’une recherche avide de nous en faire sentir l’ambiguïté, entre calme romantisme et danger enserrant progressivement nos existences, le nuage se fait lui-même support de leur action en accueillant une projection lumineuse. Des actes qui soulignent sa nature mouvante de sa matière et la vaine tentation d’en retenir les limites. Une forme de lutte qui n’est pas sans évoquer les épisodes malheureux de fuites toxiques prétendument contenues au sein de frontières qui ne sont, pour la plupart, que théoriques.
Traduisant également le temps long et la menace continue d’une pollution devenue l’un des enjeux majeurs de la civilisation présente, la rémanence du nuage matérialise la menace en planant au-dessus de nous, celle-là même dont on ne s’aperçoit que trop tard.
Cette conscience de groupe, c’est ce qui fait de l’exposition un moment de partage, un lieu d’activation du dialogue plus qu’une démonstration théorique qui mimerait cette même autorité que la légèreté et l’entrain ici à l’œuvre dénoncent précisément. En maintenant ouvert le propos sans perdre de vue sa gravité, en jouant des images, en adoptant la tonalité badine et ludique (à l’image du périple de la voiture télécommandée dans le trafic urbain), les deux artistes délimitent un champ de réflexion accessible, appelant chaque visiteur à participer à son tour, dans ses souvenirs comme dans ses actes à venir, à l’élaboration de ce miroir aussi inquiétant que riche de nouvelles perspectives sur le monde.