Dean Monogenis — Galerie Xippas
La galerie Xippas offre à ce jeune peintre américain sa première exposition personnelle en France, principalement faite de petits formats. Ses toiles sont un point de départ à une rêverie et une invitation à l’utopie. Brillant.
« Dean Monogenis — View Break », Galerie Xippas du 8 juin au 27 juillet 2013. En savoir plus Choisir de peindre des paysages privés de toute présence humaine possède toujours quelque chose de romantique. L’éternel posture de l’homme face à la nature. Il est ici revisité et fécondé par la modernité. Une modernité qui contamine chaque toile par l’ajout de bandes ou rayures de vives couleurs non naturelles (fluos) qui cassent et interdisent tout classicisme. Dean Monogenis semble ne pas supporter un simple lac bordé de sapins. Il faudra apporter à la représentation fidèle, figurative, une dimension uchronique, utopique. Contrer et abolir la nature telle qu’elle fut pensée au XIXème siècle.En peintre de la collision des époques, Monogenis met en présence des sujets ruinistes et une architecture moderniste ou contemporaine. Maisons suspendues dans le vide prêtes à tomber, rattrapées de justesse par une branche, prises et enlacées par la nature. Y aurait-il là une incitation à imaginer un monde privé de présence humaine où la nature ne serait maîtrisé par aucune main, aucune présence urbaine ?
Car la nature que dépeint Monogenis n’a rien de rassurant, elle lacère et prend dans ses griffes. View break, le titre de l’exposition, est un terme immobilier qui caractérise la limite à partir de laquelle la vue n’est plus obstruée. Mais il serait naïf de ne lui prêter qu’une simple intention ; la nature ravagée par l’homme constructeur et dévastateur, non, ce serait là trop facile. D’autant que chez lui, le réel a tout du fantasmé, l’habitat flotte dans le ciel à la manière dont les rêves bousculent les repères. Influencé par touche par le surréalisme, Monogenis casse les échelles et fait naître un monde impossible, sans équilibre, désorienté.
Toile après toile, le regard vacille entre temps archaïque et temps contemporain, donnant à voir en un même tableau une temporalité déroutante. Ou l’intuition fulgurante du monde métamorphosé par la construction humaine saisie en un regard.