Bruissements — Galerie Isabelle Gounod
Parmi les 53 expositions présentées dans le cadre de l’événement Nouvelles Vagues en orbite dans tout Paris autour du Palais de Tokyo, le parcours Bruissements à la galerie Gounod signe clairement l’une de ses plus grandes réussites.
« Bruissements », Galerie Isabelle Gounod du 22 juin au 27 juillet 2013. En savoir plus Pensée comme une sensation, un sentiment fugace de l’apparition et de la disparition, le parcours dont le commissariat revient à Léa Bismuth émeut en tout point. Il y a d’abord ce bruit, cette rumeur du monde enregistrée à Belgrade par Jérémie Scheidler qui accompagne son film délicat sur la solitude en ville (Nuit blanche #1) et finit par envelopper et illustrer également les autres œuvres. Dans ce cocon de bruit de moteur ronronnant, se déploient les différentes créations de Manon Bellet, Juliette Agnel, Claire Chesnier, Anne-Lise Broyer, Aurore Pallet, Lionel Sabatté, Arnaud Maïsetti… Jamais une exposition collective n’aura trouvé plus d’unité qu’ici. Unité sensible qui pourrait être comparable aux expressions communes à une même famille. Vernaculaire semble être ainsi la langue parlée de ces œuvres toutes guidées par un même rapport au monde, attentif aux glissements, aux transformations minimes, aux particules souterraines.Lionel Sabatté s’est ainsi emparé des agglomérations de poussières à la station de métropolitain Châtelet pour en faire émerger une sculpture de loup hurlant à la mort. Nous venons de la poussière mais l’oublions dans l’espace commun et routinier du métro. Croisements imperceptibles de vies mêlées représentées par des cheveux tombés ou peaux mortes, ce loup consigne les
Vernaculaire semble être ainsi la langue parlée de ces œuvres toutes guidées par un même rapport au monde, attentif aux glissements, aux transformations minimes, aux particules souterraines.
passages d’anonymes enfin incarnés.
En vis-à-vis, place à la merveilleuse vidéo de Juliette Agnel où s’embrassent technique primitive et numérique. C’est inspiré de la caméra obscura que son appareil pourtant numérique filme la lente progression des glaces islandaises. La masse fondra, s’effacera, sera à son tour eau. Tout se joue dans l’infra métamorphose du monde. Le parcours semble ainsi rectifier la vision humaine, comme la ralentir pour lui offrir une autre vitesse, un autre regard plus curieux de l’invisible. Et d’invisible il est bien question dans la petite toile d’Aurore Pallet qui rend compte du moment entre chien et loup où l’âme du poète souhaite inverser le cours du monde… Est-ce la nuit ou le jour qui tombe sous nos yeux ?