Gregory Derenne — Galerie Bertrand Grimont
En 2010, Gregory Derenne marquait durablement les esprits lors de son exposition à la galerie Bertrand Grimont avec une série dédiée aux plateaux télévisés. Traitement classique pour sujets contemporains. Il y revient cette fois avec des huiles sur toiles noires d’où émerge un théâtre de la vie oscillant entre sacré et séculier. Des escalators aux intérieurs d’églises, son trait de pinceau sous-tend la même intensité.
« Grégory Derenne — Un air d’aujourd’hui », Galerie Bertrand Grimont du 17 avril au 31 mai 2014. En savoir plus Les toiles de Gregory Derenne possèdent une structure photographique. L’accueil de Saint-Nicolas des Champs, récente huile sur toile est d’une netteté tellement affolante qu’elle frôle l’ambition numérique. Aussi, la précision de sa touche enregistre-t-elle un réel de nature photographique. Le doute reste présent longtemps sur la rétine et l’impression d’être face à une photographie prise sur le vif n’est démentie qu’à force de persuasion toute intellectuelle. Comme face à cette huile sur toile Mannequin, que l’on jurerait renouer avec la grande tradition de la Street Photography. Mais ce Mannequin dans une vitrine est bien le forfait d’un peintre qui convoque Meyerowitz ou Eggleston lorsque la couleur fait de rares incursions dans son travail.À l’inverse, lorsque Gregory Derenne nous prive de l’ambiguïté entre les deux médiums, c’est pour se jeter dans une peinture plus volontiers floue, nimbée de halos lumineux et aveuglants, aux contours brouillés, presque mouillés où les objets glissent d’une position à l’autre et sont perpétuellement en mouvement, en devenir. Les Colonnes de Saint-Laurent bougent et frémissent tant sous le regard qu’elles semblent éclairées par une lumière prête à s’éteindre d’une seconde à l’autre. Cette lumière qui perce les toiles de Derenne est gage de vie plus que de sacré. De présence humaine, plus que divine. Pourtant, on pourrait imaginer que l’âme de Derenne est devenue bigote à force de contempler ses intérieurs d’églises, ses chaires et vitraux, rosaces et prie-dieu. Mais il semblerait que ses escalators urbains et ses tuyaux d’aération soient traités avec la même dévotion. Celle du peintre attentif aux contrastes, aux clairs obscurs dont l’intensité rappelle les secousses brusques des réveils nocturnes.
Le monde de Gregory Derenne émerge de la nuit, naît lorsque le monde est quiet. Ses moindres lueurs font de notre regard des papillons de nuit qui aiment s’aveugler dans un dernier grésillement.