Théâtres de verdure — Galerie Jeanne Bucher Jaeger
Dans le cadre de la saison France-Portugal, la galerie Jeanne Bucher Jaeger propose Théâtres de verdure, à partir d’œuvres d’artistes portugais ou bien qui ont une attache au Portugal, qu’elle soutient depuis de nombreuses années.
« Théâtres de verdure », Galerie Jeanne Bucher Jaeger | Paris, Marais du 7 juin au 16 juillet 2022. En savoir plus Le titre de cette exposition a pour origine une peinture de Maria Helena Vieira da Silva, nommée Petit théâtre de verdure, dont le travail artistique bénéficie actuellement de plusieurs expositions collectives et personnelles. Face à la nature, peut surgir l’expérience d’une contemplation et d’un émerveillement : les artistes contemporains continuent de l’explorer comme sujet d’attention, de représentation et y perçoivent l’urgence de la donner à voir afin d’attirer notre regard sur les bouleversements qu’elle subit. L’œuvre de Paul Rebeyrolle, d’une grande puissance par l’association de diverses techniques et l’agglomérat de matières, évoque un déchainement. Après l’incendie, datée de l’année 2000, résonne avec les problématiques actuelles liées au bouleversement climatique.Les artistes s’intéressent aux éléments et aux phénomènes naturels, expérimentent les réactions avec les matières. Evi Keller travaille à partir de la lumière qui interagit avec son support. Son œuvre verticale, nommée Matière-Lumière, telle une paroi infime, ouvre vers un monde onirique. Son travail de transformation de la matière renvoie à des temps anciens et s’inscrit pleinement dans l’expérience d’un instant. La rencontre entre la lumière et un matériau apparaît également dans Armonico, constituée de fils de cuivre d’Antonella Zazzera. Cette œuvre traduit les variations de luminosité dans la nature au fur et à mesure des heures de la journée.
Les mouvements des nuages, les changements de couleurs se découvrent au fur et à mesure d’un temps de concentration du regard. La toile à l’acrylique de Michael Biberstein appelle vers l’aérien.
On songe à des ciels… Une invitation à découvrir la fresque réalisée au plafond de l’église Santa Isabel de Lisbonne. Lui faisant écho, l’œuvre à la tempera sur papier d’Árpád Szenes présente une strate colorée entre l’ocre et le bleu, et laisse la place à la lumière suggérée par un point bleu. Stream of Time de Susumu Shingu réagit à de légères vibrations, au souffle. Le vent inspire cet artiste humaniste et fervent admirateur de l’œuvre de Léonard de Vinci. Sa sculpture nous fascine par son mécanisme et sa légèreté.
D’autres artistes de cette exposition créent à partir de matières naturelles. Arthur-Luiz Piza, marqué par les relations qu’il entretient avec le milieu rural indien, dans la province du nord-ouest du Brésil, d’où il est originaire, révèle l’importance du lien à la terre. Terre mère présente des teintes qui rappellent celles qui lui restaient en mémoire. Les sculptures en béton de terre de Dani Karavan expriment la relation au site, chère à cet artiste porteur d’un message de paix. Jean-Paul Philippe est aussi bien connu pour ses œuvres réalisées à ciel ouvert. Ici, Sposa delle crete fait penser à une porte, à une ouverture… Un certain mysticisme se perçoit au travers de ses travaux artistiques.
St Arbre Feu Blanc de Yang Jiechang nous fait songer à un phénomène naturel, face auquel l’homme serait impuissant. L’artiste utilise l’encre et des couleurs minérales dans une recherche de spontanéité, d’une écriture calligraphique qui lui est propre. Rui Moreira s’imprègne lui de ses longues marches dans le désert. Son œuvre grand format nous transporte dans des paysages où se révèle l’énergie d’une nature puissante, qui nous dépasse.
À l’étage, des œuvres de plus petits formats, notamment les dessins d’Hanns Schimansky incitent à regarder de près les matières, les lignes, le vocabulaire graphique des artistes défendus par la galerie.
À découvrir également les sculptures de Miguel Branco, à l’honneur au Château de Fontainebleau, une peinture de Bissière ainsi qu’une aquarelle sur papier de Paul Klee.
Cette exposition met en lumière combien la nature continue de susciter l’intérêt des artistes. En prenant le temps d’apprécier leurs œuvres, de les regarder de près, nous pouvons remarquer l’extraordinaire richesse de matériaux employés ainsi que les strates d’éléments graphiques qui les composent. Les préoccupations actuelles des artistes se décèlent au travers de cet accrochage, un attachement à l’environnement, un travail à partir de matières naturelles, une relation de fusion entre l’homme et la nature.