William J. O’Brien, The Lovers — Galerie Almine Rech
Avant la rétrospective que lui consacrera le musée d’art contemporain de Chicago, William J. O’Brien montre ses récentes œuvres céramiques et acryliques sur papier à la galerie Almine Rech prouvant la variété de son vocabulaire et l’aisance gracieuse qu’il a en passant de l’un à l’autre.
« William J. O’Brien — The Lovers », Galerie Almine Rech du 9 janvier au 15 février 2014. En savoir plus C’est dans une seule salle que la galerie a choisi d’exposer les récentes œuvres de l’artiste américain William J. O’Brien. Une salle où ses sculptures semblent regarder ses dessins, comme une conversation secrète à laquelle le spectateur pourra participer au moyen du regard. Dialogue implicite entre les différents médiums utilisés ; dessin sur papier, acryliques sur papier et céramique. D’abord, les sculptures. Polychromes ou monochromes, lisses ou rugueuses, lacérées ou monolithiques. O’Brien n’a pas fait son choix et c’est heureux. Il navigue d’ailleurs entre figuration et abstraction, à moins que l’anthropomorphisme inhérent au regard humain ne fasse son chemin inconscient dans notre rétine. Peu importe, il y a de l’humain dans chacune de ses sculptures. Même ce qui pourrait s’apparenter à des vases ou jarres chez l’artiste recouvrent une apparence figuratives renouant par là avec un versant expressionniste. Les trous sont des yeux, les béances des bouches dubitatives, les hanses des mains cramponnées au réel. Lui-même, en aparté nous le confiera, ses créations sont autant d’auto-portraits. Nul doute que le seul dessin sur papier représentant un jeune homme (Untitled, 2011), agisse, en creux, comme un miroir tenu face à lui-même.En vis-à-vis, se tiennent les acryliques, agencées en mosaïque et délibérement placées en nombre les unes à côté des autres remplissant la cimaise jusqu’au plafond. Faussement naïves, elles renvoient avec subtilité aux éclats de l’enfance. Ronds rouges, ronds bleus, chacun trouvera là un écho direct aux premiers dessins faits à l’école et accrochés dans un couloir, à jamais, fierté émue de la famille. À ceci près bien sûr que l’artiste a lui digéré l’histoire de l’art, est un coloriste hors pair et n’est plus un enfant. Mais une part archaïque, primitive structure tout son travail. Il n’est pas anodin d’ailleurs que l’artiste ait travaillé dans un centre psychiatrique avec des enfants.
Paradoxalement, la création comme premier langage qui précède la parole prive de mots. C’est donc muet que l’on ressort avec l’impression d’être renvoyé à un stade embryonnaire, redécouvrant par touches, la naissance du beau.