Art Paris Art Fair 2015 — Les incontournables
La foire Art Paris Art Fair poursuit sa mue et propose, avec son édition 2015, un parcours international et hétéroclite qui la consacre comme un élément phare de la saison.
Effervescente et tranquille, la foire arbore un catalogue de galeries international qui tranche avec les mastodontes de la FIAC ; un écrin plus intimiste où chaque galerie mise sur un ou plusieurs artistes à découvrir évitant ainsi presque complètement l’écueil des doublons d’un stand à l’autre.
« Art Paris Art Fair 2015 », Grand Palais – La nef du 26 au 29 mars 2015. En savoir plus À ce titre, difficile de ne pas saluer la volonté de la foire d’accentuer les « solo-shows », stands dédiés à un seul artiste. Une direction que beaucoup souhaiteraient voir se radicaliser tant la formule se révèle efficace, parvenant à créer une véritable atmosphère d’exposition et de découverte, rappelant à chacun la place centrale du galeriste dans la défense de ses artistes, que l’on adhère ou non à leur démarche.Sage mais loin d’être éteinte, la foire laisse le temps de découvrir des artistes venus d’horizons différents et, pour la plupart, peu montrés. Avec une tendance clairement portée sur le geste du peinture et le motif graphique, cette édition 2015 recèle quelques immanquables que nous avons souhaité partager.
Li Baoxun — Dock Sud, Sète, Beijing
Épaisse, sombre et chargée d’une histoire lourde, la peinture figurative coulante, masquée et marquée de Li Baoxun intrigue. Entre vision noire d’un monde sans avenir et jouissance enfantine d’en pervertir le trait, les tableaux de ce jeune peintre chinois saisissent le monde contemporain avec autant de malice (à l’image de cet avatar du cadre moyen en motif récurrent) que de belle gravité.
Cécile Bart — Galerie Catherine Issert, Saint-Paul de Vence
Sur le stand Catherine Issert, outre un merveilleux François Morellet, le tableau quadricolore de Cécile Bart sur tergal est un abîme dans lequel se perdre. Le moindre mouvement de notre corps se traduit en une oscillation sensible du support, faisant danser la lumière et les couleurs dans un piège optique hypnotique.
Philippe Cognée — Galerie Daniel Templon, Paris, Bruxelles
Véritable institution de la foire, le stand Daniel Templon permet, chaque année, de retrouver avec plaisir des œuvres récentes de Philippe Cognée. Cette année encore, avec son Paysage vue d’un train n.7 de 2013, l’artiste assoit son statut d’incontournable et propose une toile vibrante qui vient faire écho à ses façades de maison présentées lors de l’exposition Territoires à Bruxelles.
Paz Corona — Galerie Les Filles du calvaire, Paris
Avec sa peinture sombre et habitée, Paz Corona explore les imaginaires d’une femme à la recherche de cette image d’elle-même, d’une image féminine née d’un songe. De fonds indéterminés surgissent formes, visages et corps de femmes renvoyant leur stupeur d’être ainsi surprises par notre regard. La réunion de ces portraits « fauves », habilement exposés sur le stand, offre ainsi une entrée de choix dans un univers à la sensualité fragile, où le charme, plus que celui des visages et des corps, est peut-être celui qui, déjà à l’œuvre, nous y assigne une place.
Frank Maier — Ambacher Contemporary, Munich
Reprenant le flambeau de l’art concret, Frank Maier propose des toiles graphiques à l’abstraction distillée. Radicales et complexes, les compositions acryliques de cet artiste allemand né en 1966 réactivent la réflexion autour des formes, confrontant leur efficacité esthétique au plaisir ludique de leur appropriation.
Radenko Milak — Duplex 100m2, Sarajevo
À travers des aquarelles virtuoses, l’artiste bosnien Radenko Milak se confronte à l’histoire. L’histoire de son pays, mais aussi l’histoire des sociétés se trouvent ainsi ramenées à la plasticité confondante de l’eau sur la toile. Figeant ainsi des événements historiques photographiés, Radenko Milak dédouble les souvenirs en recréant, à la main, des photographies existantes, leur octroyant par ce geste une valeur humaine qui en accentue la résonance.
Lyndi Sales — Galerie Maria Lund, Paris
Pareilles à une interprétation des forces sous-jacentes du monde, les œuvres de Lyndi Sales s’étirent en réseaux complexes et chamarrés dessinant sur les parois des fresques vibrantes. Les matériaux légers (papiers, Vlieseline), malgré leur accumulation, conservent leur fragilité et se jouent des symboles pour recréer un à un les quatre éléments, eau, feu, terre, air.
Cécile le Talec — School Galerie / Olivier Castaing, Paris
Le voyage proposé par Cécile le Talec sur le stand de la School Gallery au creux d’une tapisserie monumentale isole le spectateur du monde extérieur. Passée la porte de ce « salon de musique », un sas tissé au sein duquel le motif, pareil à une succession de crêtes spectrales dessinant un panorama envoûtant, les sons assaillent le visiteur et participent d’une véritable expérience sensorielle.
Claire Trotignon — Bernard Chauveau éditeur, Paris
Évolution sensible et réussie pour cette jeune artiste (1985) que nous avions découverte lors de l’édition 2012 du Salon de Montrouge. Ses paysages aux allures de plans d’architecture utopique mêlent aux angles droits un composé organique d’une belle richesse pour une nouvelle série, Le Sursis des pléiades de grande qualité.
Zhang Wei — A2Z Gallery, Paris
Les portraits de Zhang Wei pourraient passer inaperçu. Répliques en chair et en os de tableaux classiques, leur innocence s’efface vite à mesure que l’examen s’approfondit. Une trace de pilosité inattendue, la courbe d’un menton, le dessin des yeux, rien sur ces visages ne semble appartenir à la même personne. Et, en effet, pour reproduire au plus près ces canons de beauté hérités de l’histoire de l’art, l’artiste recourt à un subterfuge consistant à mélanger, au pixel près, une multitude de visages différents. Et, par le génie de l’association, parvient à toucher « l’irréalité » la plus parfaite.