James Edward Deeds — Galerie Christian Berst
Longtemps resté dans l’ombre de l’histoire de l’art, James Edward Deeds y est entré récemment, pour ne plus en sortir. Cet artiste, rattaché à l’art brut, est exposé à la galerie Christian Berst, à Paris, après avoir été montré à Lausanne, dans la collection naguère créée par Dubuffet pour regrouper les œuvres de ce courant.
« James Edward Deeds — The electric pencil », Christian berst art brut du 29 novembre 2013 au 18 janvier 2014. En savoir plus De l’ombre à la lumière. C’est en effet dans une poubelle que le travail de James Edward Deeds a été trouvé. 140 planches, recto verso exhumées dans les années 70, par un adolescent fouillant dans les ordures d’un hôpital psychiatrique. Près de quatre décennies passèrent avant qu’il ne décidât d’en révéler l’existence à des yeux experts. La qualité de l’œuvre de Deeds ne tarda pas à éclater au grand jour, jusqu’à la publication d’un catalogue raisonné qui finira de consacrer celui que l’on considère aujourd’hui comme l’une des figures majeures de l’art brut du XXème siècle.C’est donc à la galerie Christian Berst que l’on doit sa première exposition monographique française. Qui mieux que cette galerie, du reste, aurait pu s’enquérir de cette indispensable tâche ? Avec toute la simplicité et l’effacement nécessaire pour laisser éclore l’évidente beauté de cet œuvre, la galerie Christian Berst livre une monographie absolument limpide, sans fioriture aucune, qui rend tout le tragique de l’histoire personnelle de Deeds, traité aux électrochocs deux fois par semaine sans anesthésie, interné de force dans un hôpital psychiatrique après une simple bagarre avec son frère.
Injustice démesurée que l’artiste noya dans le soin porté à ses dessins au crayon et crayons de couleur. Deeds dessine un cadastre régulier de maisons
La galerie Christian Berst livre une monographie absolument limpide, sans fioriture aucune, qui rend tout le tragique de l’histoire personnelle de Deeds.
dont la démultiplication du motif évoque l’enfermement dans un délire trop méthodique pour en être un. Puis, entre autres créations, une femme, Elvira, dénommée « Miss Elvira », coiffée d’une plume et d’une chevelure proche d’une dense crinière dont les yeux à la grandeur disproportionnée lui donne un air ahuri. Tous ses personnages affichent d’ailleurs cet effarement. Est-ce là une projection inconsciente de l’artiste sur ses modèles ?
Une façon de poser l’émouvante question par leur biais : « Que m’inflige-t-on ? » Né en 1908, Deeds disparut en 1987, laissant derrière lui un œuvre faussement naïf où la couleur-catharsis forme un magnifique trompe-l’oeil.