Damien Deroubaix — Galerie In Situ
Avec « Times goes on », Damien Deroubaix acte par le titre de sa nouvelle exposition le passage du temps sur son travail, en même temps qu’il réactualise son lien à la Galerie In Situ avec laquelle il collabore depuis dix ans. Un anniversaire célébré dans une joyeuseté macabre.
« Damien Deroubaix — Time goes on », Galerie In Situ, Fabienne Leclerc du 3 avril au 17 mai 2014. En savoir plus Macabre. Et réjouissant. Dans l’espace saturé de ses toiles, dessins et collages, il règne en effet une tension permanente entre terreur et extase. Aux yeux s’offre alors un bouillonnement doux amer qui fait rage et agite de l’intérieur. Comme le chaud et le froid dans l’air qui crée les orages, les visions de Deroubaix se livrent à une transe confuse qui ne choisit jamais son camp. Un peu à la façon dont s’opposaient au Moyen-Âge les différentes représentations de la mort. Les memento mori (souviens-toi que tu vas mourir) agissaient comme un rappel glacial et sans rémission, tandis que l’Ars moriendi (l’art de bien mourir) permettait d’adoucir la vision de la fin. Mais peut-être n’y a-t-il pas à choisir. La dialectique est permise. Ainsi cohabitent les crânes et les couleurs acides de Damien Deroubaix, sans que jamais cela ne souffre la contradiction. Au-delà de ces emprunts médiévaux aussi riches qu’abondants, le peintre semble regarder constamment vers les créations des surréalistes. Les collages et les mots, apposés ici ou là en témoignent autant que les sujets qu’il traite. Beneath the Remains (huile sur toile, 2014) présente une Victoire de Samothrace qui pourrait être sortie tout droit de l’imaginaire de Dali.Ainsi cohabitent les crânes et les couleurs acides de Damien Deroubaix, sans que jamais cela ne souffre la contradiction.
De même que le mot « Damage » lisible sur son aquarelle et collage du même nom fait planer sur elle l’ombre des écritures dadaïstes. Et partout, absolument partout, les références à Picasso grouillent jusqu’à la saturation. Voilà peut-être le talon d’Achille et la zone d’inconfort d’un artiste qui aurait très bien digéré l’histoire de l’art classique et moderne et la transposerait de façon un peu trop volontariste et éparse dans le contemporain sans avoir fait le tri de ses multiples sources d’inspiration.
Certes, la matière de certaines de ses huiles sur toiles marouflées font jubiler et créent sincèrement l’enthousiasme, mais le discours sous-tendu par l’accumulation de clins d’œil gêne un peu la compréhension et limite l’émotion pourtant bien présente.